Tour de plaine en début de printemps : étape dans le Grand Est
Luc Flamant, responsable technique régional Syngenta, décrit la situation des cultures dans le Grand Est de la France.
Céréales, le choix des impasses insecticides pose question
Sur l’ensemble de l’Est et du Centre de la France, les blés s’échelonnent sur une fourchette assez large, l’essentiel se situant au stade 1 nœud. Concernant la gestion des adventices, les désherbages d’automne ont bien fonctionné, malgré les conditions sèches de l’époque. Un certain nombre de rattrapages sont en cours, ou viendront vite, sur les graminées : ray-grass, vulpin, folle avoine. « Le contrôle de ces graminées en sortie d’hiver reste essentiel pour réduire les stocks semenciers dans les parcelles, rappelle Luc Flamant, responsable technique régional.
Au chapitre des ravageurs, les viroses sont répandues, en particulier des dégâts de pieds chétifs transmis par la cicadelle, pas toujours visibles, mais bien présents à l’intérieur des parcelles, ainsi que la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). « Après l’arrêt de l’imidachlopride, seul un tiers des surfaces a reçu un insecticide foliaire, et compte tenu de l’automne doux, ce n’est pas surprenant relève Luc Flamant. Idem pour les semences non protégées par un insecticide comme la téfluthrine, la problématique des ravageurs sous-terrain comme le taupin et le zabre, devient une réalité : à anticiper pour l’an prochain, car il n’existe aucune solution de rattrapage. »
Dégâts de pieds chétifs constatés dans une orge d’hiver en Seine et Marne :
Les blés, une pression modérée de maladies pour le moment. La vigilance reste de mise car la septoriose est bien présente sur les feuilles basses. Si la tendance est surtout au manque d’eau, les récentes pluies réactivent le risque. L’heure est à l’action en cas de piétin-verse, dont la présence peut être rencontrée ici ou là (conditionnée par le risque agronomique de la parcelle, variété et précédent) : « C’est le moment de protéger avec Unix Max/Kayak, si la pression l’impose », glisse Luc Flamant. La rouille jaune du blé reste discrète, mais le modèle Avizio nous indique sur variété sensible un risque sous-jacent, à surveiller donc. L’oïdium est essentiellement présent en Champagne.
Vigilance vis-à-vis des maladies, sur orges de printemps semées d’automne
Globalement, pour les orges implantées à l’automne les problématiques de protection sont exacerbées. La rhynchosporiose est très présente : l’application fongicide doit intervenir rapidement. « Unix Max ou Kayak, à base de cyprodinil, sont à privilégier afin de faciliter l’alternance des modes d’action, pour gérer efficacement et durablement la protection fongicide des orges et ainsi garder les triazoles et les SDHI pour un second passage, recommande Luc Flamant. L’association avec Meltop One permet d’avoir un spectre complet rhynchosporiose, oïdium et helminthosporiose. » Le raisonnement fongicide sera le même pour les orges de printemps semées classiquement en sortie hiver d’ici quelques jours. Ne pas négliger la surveillance des pucerons.
Orge de printemps dans l’indre, semées en novembre, avec attaque de rhynchosporiose :
Sur l’ensemble des céréales entre les stades épi 1cm et 1-2 nœuds, en cas de risque de verse important, il est possible de réguler avec les produits à base de trinexapac ethyl (Moddus, Scitec, Proteg DC, Cisam DC), afin de préserver le rendement et la qualité des céréales. Comme toutes les interventions réalisées à cette période, attention aux gelées encore possibles ! En cas de forte amplitude thermique, toute application peut poser des problèmes de sélectivité. »
Colza : une forte problématique insecte
La problématique commence dès l’automne avec la grosse altise (et dans une moindre mesure le charançon du bourgeon terminal) qui a commis d’importants dégâts. Certaines parcelles s’en sortent mieux que d’autres : appliqué à l’automne, Karaté Zéon a montré sur les larves une efficacité supérieure aux organo-phosphorés et aux autres pyrèthres, y compris en zone de résistance KDR. « Sur ce printemps, c’est la méligèthe qui menace, note Luc Flamant. La pression est importante, et le manque d’eau, en ralentissant la croissance de la plante, la maintient dans les stades sensibles. »
Parcelle de colza témoin à Vornay dans le Cher : dégats liés à la grosse altise (adultes + larves) :
Colza protégé avec Karaté Zeon, une application contre les larves :
Maïs, tournesol, betterave : des semis bien entamés
La phase des semis, pour les autres cultures principales, est bien avancée. En maïs et tournesol, la mise en terre a débuté avec une avance plus ou moins nette selon les zones. Les semis de betteraves sont pratiquement terminés.