Gérer les résistances aux fongicides contre le sclérotinia du colza
L’arrivée d’un 4ème mode d’action fongicide sécurise la durabilité de la gestion du sclérotinia dans un contexte de risque de résistance.
Un risque de résistance aux fongicides accru par la pression de sélection
Tous les fongicides homologués pour lutter contre le sclérotinia ont des modes d’action unisites, concernés par des phénomènes de résistance chez d’autres espèces phytopathogènes.
Pour le sclérotinia du colza, souligne la dernière note commune ANSES – INRAE – Terres Inovia 2022, « le risque d’évolution de la résistance s’est révélé fort pour l’ensemble des SDHI et doit être considéré aussi comme fort pour les QoI ». En conséquence ajoute cette note, « plus l’efficacité d’une solution ou d’un programme repose sur un de ces deux modes d’action, et plus il y a risque de favoriser la sélection de souches résistantes. Le risque est d’autant plus important que l’emploi est systématique et généralisé (par exemple en rotations courtes) ».
Résistance confirmée aux SDHI depuis 2016
Pour la période 2016-2020, selon cette note commune, la résistance aux SDHI est détectée dans près d’une vingtaine de départements producteurs de colza avec des analyses qui révèlent pour la plupart 10 à 100 % de sclérotes résistants. Dans ce monitoring, la pression sclérotinia étant très faible en 2021, aucune population n’a pu être analysée au cours de cette campagne. Plus globalement, le faible échantillonnage de ces dernières années ne permet pas de conclure avec certitude quant à l’évolution de la situation qui peut cependant paraître stable.
En revanche, dans le monitoring Syngenta, une certaine progression de cette résistance est observée en Europe. En France, souligne Fabrice Blanc, expert technique national fongicides grandes cultures chez Syngenta, « en 2021 sur 22 sites prélevés dans les différentes régions de production (Bourgogne, Centre, Normandie et Nord), 8 sites présentaient une résistance aux SDHI ».
Le fludioxonil, un 4ème mode d’action fongicide pour maîtriser le sclérotinia
Dans ce contexte de vigilance sur les résistances des souches de sclérotinia aux fongicides utilisés pour protéger le colza, l’arrivée pour la campagne 2022 du fludioxonil (Treso®), matière active qui offre un nouveau mode d’action, va permettre aux producteurs de sécuriser leur programme de protection vis-à-vis de cette maladie.
Le fludioxonil est une matière active qui appartient à la famille des phénylpyrroles, qui sont utilisées depuis près de 25 ans sur une cinquantaine de cultures, en traitements de semences ou en traitement de la végétation, pour lutter contre une soixantaine de maladies fongiques.
Le fludioxonil a fait ses preuves en vigne depuis plusieurs années dans la lutte contre le botrytis, et offre aux producteurs de colza un nouveau mode d’action unique et original : fixation sur les cires cuticulaires, blocage de la germination des spores et inhibition de la croissance mycélienne en perturbant la pression osmotique provoquant l’explosion des cellules du champignon par une surproduction de glycérol. Selon la note commune, « le risque de résistance lié à la cible existe mais les cas sont sporadiques et la résistance non liée à la cible est plus fréquemment rencontrée mais induit de faibles facteurs de résistances ».
Syngenta recommande l’utilisation de Treso en association avec un partenaire de la famille des triazoles ou des strobilurines.
- En savoir plus sur Treso
- Pour tout comprendre sur le sclérotinia
Comment gérer les résistances ?
Pour une stratégie de protection durable contre le sclérotinia (d’après la note commune ANSES – INRAE – Terres Inovia 2022)
- Eviter l’emploi d’un fongicide SDHI seul, l’associer avec un autre mode d’action efficace et limiter la fréquence d’intervention à une application unique de SDHI par campagne,
- Privilégier pour les régions et les parcelles très fortement concernées par la résistance aux SDHI les solutions à base de triazoles, en particulier de prothioconazole ou de fludioxonil et éviter les associations SDHI + QoI où l’efficacité de la lutte reposerait principalement sur le mode d’action QoI.
- En situation à risque de sclérotinia fort, le mode d’action SDHI doit être associé à un autre mode d’action dont l’efficacité est reconnue comme régulière (prothioconazole, fludioxonil, metconazole, dimoystyrobine et tébuconazole).