Sclérotinia du colza, une maladie discrète parfois redoutable
Malgré une fréquence d’attaque faible, le sclérotinia est la maladie numéro 1 du colza avec des pertes qui peuvent atteindre 15 q/ha.
Une maladie très nuisible à partir de 10 % des tiges touchées
Le sclérotinia du colza, également appelée « pourriture blanche » est la maladie majeure du colza. Bien que sa fréquence d’attaque soit considérée comme faible, avec une attaque observée une à deux années sur dix à l’échelle nationale (Terres Inovia), la nuisibilité de Sclerotinia sclerotiorum, champignon à l’origine de la maladie, est significative à partir de 10 % de tiges principales atteintes.
A partir de ce seuil, 1 à 1,5 quintal de nuisibilité à l’hectare est constaté par tranche supplémentaire de 10 % de tiges principales touchées.
Au-dessus de 20 % de pieds attaqués, chaque tranche de 10 % d’attaque supplémentaire entraîne une perte de 1,5 à 3 q/ha. « Dans les cas les plus graves, souligne Damien Lenglet, la perte de rendement peut dépasser 15 q/ha ! ».
Source Terres Inovia
Les pertes de rendement résultent principalement d’un échaudage qui provoque une diminution du poids de mille grains et un égrenage plus ou moins important selon la précocité de l’attaque et le pourcentage de pieds atteints.
Les printemps doux et humides favorables au sclérotinia
Le sclérotinia se conserve pendant 6 à 10 ans dans le sol sous forme de sclérotes, ce qui fait que l’inoculum est rarement le facteur limitant pour le développement de la maladie.
Au printemps, lorsque le sol est humide, les sclérotes forment des apothécies (bouquets de petits disques beiges au ras du sol) qui libèrent des spores dans l’atmosphère. Ces spores vont contaminer et polluer les pétales de colza qui en tombant et en se fixant sur les feuilles permettent au mycélium de coloniser le limbe puis le pétiole et la tige.
La germination des sclérotes sous forme d’apothécies a lieu à partir de 5°C et il faut un minimum de 92 % d’humidité relative pour que les ascospores germent sur les pétales. Lorsque le printemps est doux et humide, les pétales adhèrent davantage aux feuilles et la germination des spores est favorisée.
Les nouveaux sclérotes formés dans la tige tombent au sol à la récolte et s’y conservent pendant des années. Ils sont prêts à reproduire un nouveau cycle d’épidémie en cas de conditions climatiques favorables.
La période à risque commence à la chute des pétales
La contamination du colza passe par l’intermédiaire des pétales. En conséquence, la période à risque débute à partir de la chute des premiers pétales.
Pour être alertés sur le risque sclérotinia de l’année, les agriculteurs peuvent s’appuyer sur les Bulletins de santé du Végétal dans les différentes régions.
Et, pour évaluer le risque parcellaire, ils doivent prendre en compte le nombre de cultures sensibles au sclérotinia dans la rotation culturale, les attaques subies lors des années antérieures, un temps humide avant la floraison, favorable à la production d’inoculum ainsi que la densité du couvert et l’enherbement qui, par un maintien d’humidité, favorisent le développement de la maladie.
PROPHYLAXIE
- Allonger les rotations avec le colza : chaque année, la disparition naturelle d’une partie du stock de sclérotes du sol limite l’inoculum primaire inféodé à la parcelle. L’allongement de la rotation, en faisant se succéder au moins 2 à 3 cultures moins sensibles (céréales à paille) est recommandé.
- Limiter des cultures comme le tournesol, soja, les féveroles dans la rotation car elles favorisent la maladie.
- Eviter les fortes densités de semis et réduire la fumure azotée.
Réaliser une intervention fongicide au stade G1
Pour les parcelles à risque, le stade G1 (chute des premiers pétales) est le stade optimal pour les interventions fongicides qui doivent être appliquées préventivement pour être efficaces. Ce stade peut varier d’une parcelle à l’autre sur une même exploitation ou au sein même d’une même parcelle de grande taille, notamment si plusieurs variétés sont cultivées compte tenu des différences de précocité à floraison.
A ce stade, les hampes secondaires commencent à fleurir, les 10 premières siliques sont formées sur les hampes principales avec une longueur inférieure à 2 cm. C’est la chute des premiers pétales et la parcelle est jaune.
Pour la campagne 2022, les producteurs de colza ont à leur disposition une nouvelle solution fongicide pour cette intervention avec le fongicide Treso®. Ce produit à base de fludioxonil apporte un 4ème mode d’action et sécurise ainsi la durabilité de la gestion du sclérotinia face au développement des résistances. Les essais menés par Terres Inovia depuis 2017 montrent que le fludioxonil est efficace contre le sclérotinia, au même niveau que les références du marché.
Syngenta recommande l’utilisation de Treso en association avec un partenaire de la famille des triazoles ou des strobilurines.