Réussir les semis de colza du Poitou-Charentes à la Lorraine

Colza
Tracteur semant du colza

Plusieurs leviers agronomiques permettent de réussir les semis de colza. A mettre en œuvre pour préserver le rendement.

Le semis, une étape clef de la culture du colza

Du Poitou-Charentes à la Bourgogne et jusqu’à la Lorraine, le colza est toujours une tête de rotation majeure même si à l’automne 2019, les surfaces ont fortement chuté (- 35 %) dans ces zones de production « historiques » compte tenu de conditions très sèches au moment de l’implantation. Les producteurs de ces régions doivent par ailleurs faire face à une recrudescence des ravageurs d’automne et en particulier de la grosse altise qui occasionne des pertes de rendement. Ils sont également confrontés à une pression graminées importante et à la présence de dicotylédones difficiles, type géraniums ou crucifères. « Pour ces agriculteurs, l’implantation du colza est une étape clef qui doit permettre un bon développement du colza à l’automne en le mettant autant que possible à l’abri des bio-agresseurs afin de préserver le potentiel de rendement » souligne Fabien Massot, expert technique national herbicides chez Syngenta. Plusieurs leviers agronomiques peuvent être mis en œuvre pour réussir l’implantation du colza.

Implanter les colzas avant le 15 août

Alors que dans ces zones de production « historiques », le colza était traditionnellement semé la deuxième quinzaine d’août, il est désormais recommandé d’implanter les colzas dès la première quinzaine d’août afin de faire face à la recrudescence des grosses altises à l’automne. « L’objectif de cette stratégie, explique Fabien Massot, est que le colza soit au stade 4 feuilles avant le 20 septembre au moment de l’arrivée des grosses altises dans la culture ». Le stade de sensibilité maximal du colza vis-à-vis de ces insectes se situe en effet de la levée à 4 feuilles.

Adapter le travail du sol au type de sol et au climat de l’année

La préparation du sol est très importante pour éviter notamment l’assèchement du sol et permettre une levée rapide du colza. Le colza étant une plante à pivot, il peut être intéressant, si les conditions climatiques le permettent de réaliser un labour, « ce qui n’a pas été le cas ces 2 dernières années avec une météo très sèche au moment des semis dans ces régions de production » souligne Fabien Massot. Dans ces cas, il est préférable de préparer le sol avec des outils plus superficiels qui permettront au pivot du colza de se développer malgré tout. Si le labour peut être intéressant dans les sols sableux et peu argileux, il est à déconseiller en revanche, dans les sols argileux car les mottes provoquées par la reprise sont difficilement gérables par la suite, et les passages répétés assèchent le sol. Dans ces sols, mieux vaut généralement intervenir au plus tôt après la récolte même dans un sol sec, en espérant la pluie pour faire lever le colza.


Fertilisation
Apport de matière organique ou engrais starter ?

Pour un bon démarrage du colza, un apport de matière organique peut être envisagé avant le semis. Un engrais starter peut également être apporté au moment du semis, dans ce cas, le niveau de l’apport doit être calculé en fonction du rendement potentiel.


Préférer un semoir de précision

Un semis de colza de bonne qualité nécessite des graines bien positionnées à environ 2 cm de profondeur. De ce point de vue, les semoirs monograines présentent l’avantage de faciliter ce positionnement avec un rappui de la graine, ce qui permet des levées à la fois plus rapides, vigoureuses et homogènes qu’avec un semoir à céréales.  En revanche, le débit de chantier est plus faible, un paramètre qui a son importance quand les surfaces à semer sont importantes. Le semis de précision, sous réserve que l’agriculteur en ait un à sa disposition, est également un préalable indispensable en vue d’un binage (qui nécessite un écartement minimum de 40 cm) pour les producteurs qui l’envisagent.


Binage
Complémentaire au désherbage

Le binage peut compléter efficacement l’action des herbicides. Il est réalisable à partir du stade 3 feuilles du colza sous réserve d’avoir un écartement d’au moins 40 cm et d’exclure les parcelles avec cailloux. Le sol doit être ressuyé et le temps sec les jours suivants afin que les adventices sèchent rapidement sans risque de repiquage. Le binage peut être intéressant sur des mauvaises herbes jeunes en complément d’un désherbage de post-semis prélevée


Semer le colza avec des plantes compagnes

« L’implantation de plantes compagnes dans la culture du colza est une pratique qui se développe dans les zones de production traditionnelles du colza » souligne Fabien Massot, « avec plus de 15 % des surfaces concernées ». Cette technique qui consiste à associer aux graines de colza au moment du semis des légumineuses comme les féveroles, trèfles, vesces ou encore fenugrec…) permet de développer une masse végétative plus importante à l’automne. Cela facilite ainsi la lutte contre les ravageurs comme les grosses altises et le charançon du bourgeon terminal. « A l’automne, les plantes compagnes ne sont pas concurrentielles vis-à-vis du colza et au-delà de leur effet très positif sur la maîtrise des ravageurs, elles apportent des bénéfices agronomiques sur la fertilité du sol avec une action restructurante et une réintroduction de matière organique. Nous avons pu observer également des bénéfices sur le contrôle des ray-grass mais aussi des véroniques et matricaires » remarque Fabien Massot.

Compléter par un désherbage adapté à chaque situation

Tous ces leviers agronomiques facilitent l’implantation du colza et doivent être complétés soit par une stratégie de désherbage complète en post-semis prélevée soit par une double intervention (post-semis prélevée puis rattrapage avec une application foliaire à 4/6 feuilles). Les programmes de désherbage doivent évidemment être adaptés à la flore présente mais également à la présence ou non de plantes compagnes. « Le désherbage de post-semis prélevée du colza permet de limiter précocement la concurrence des adventices et préserve le rendement » observe Fabien Massot, « dans 15 essais suivis par Syngenta, nous avons ainsi constaté un bénéfice de 6 q/ha pour un désherbage de post-semis prélevée par rapport à un témoin non traité ».