Nouvelle donne pour lutter contre le black-rot

Vigne
Les conditions printanières 2024 sont une nouvelle fois favorables au black-rot. A surveiller sur les parcelles à historique et les parcelles sensibles.
Les conditions printanières 2024 sont une nouvelle fois favorables au black-rot. A surveiller sur les parcelles à historique et les parcelles sensibles.

Avec le retrait du métirame, les vignerons doivent adapter leur programme pour lutter contre le black-rot qui est au rendez-vous de la campagne.

Un printemps 2024 favorable aussi au black-rot

Si les pluies récurrentes sont propices au mildiou qui est très présent en 2024 dans de nombreux vignobles, l’humectation permanente qui en découle est également favorable au black-rot. Les vignerons doivent donc être très vigilants vis-à-vis de cette maladie qui à la différence du mildiou à des exigences thermiques moins élevées que le mildiou. « Le black-rot est une maladie silencieuse avec des symptômes qui s’expriment environ 15 à 18 jours après la contamination » explique Gilles Robert, Responsable Agroécologie Régional chez Syngenta dans le sud-ouest, « il est donc essentiel d’anticiper la protection des parcelles dites sensibles avec un historique black-rot, ou des parcelles mécanisées, ou proches des vignes abandonnées notamment ».
Pour 2024, avec le retrait du métirame annoncé pour fin décembre, les vignerons ont commencé à protéger leurs parcelles sans cette substance active qui était largement utilisée en début de campagne compte tenu de sa double action mildiou et black-rot et de sa compatibilité avec de nombreux cahiers des charges.
« C’est effectivement la protection de début de saison contre le black-rot qui nécessite de nouvelles approches. Il est nécessaire de conserver les bons produits à durée d’action longue sur la période critique d’encadrement de la fleur, en s’attachant à bien alterner les familles » souligne Jean-Baptiste Drouillard, Expert Technique National cultures spécialisées chez Syngenta.


Bon à savoir

  • Le black-rot peut se développer dès la sortie des feuilles de la vigne, plus tôt que le mildiou. Il peut se manifester sur les bourgeons dès 9°C et les températures optimales à son développement se situent entre 25° et 27 °C. Contrairement au mildiou, le black rot n’a pas besoin de pluies importantes et préfère les longues périodes d’humectation. A noter que les pluies d’orages sont très favorables aux contaminations sur grappes.
  • Les baies atteintes de black-rot se dessèchent rapidement, elles restent sur la rafle et sur le cep de vigne. La vendange mécanique n’élimine pas ces momies, et constitue une source d’inoculum d’où l’intérêt des mesures prophylactiques en particulier pour les parcelles à historique. Parmi ces mesures, on peut citer notamment l’élimination des bois de taille, un enherbement maîtrisé, le travail du sol afin d’enfouir les organes de conservation du black-rot, une vigilance sur les parcelles vendangées mécaniquement (car les baies momifiées ne sont pas décrochées) et sur des techniques comme la taille rase de précision ou le broyage des sarments. 

Cuivre et soufre en début de campagne

« En début de campagne, le cuivre à une dose d’environ 300 à 400 g/ha associé à du soufre à une dose de 6 à 8 kg /ha a fait ses preuves en préventif des contaminations, avec un renouvellement régulier sur jeunes feuilles » remarque Gilles Robert, « il est également possible d’associer au soufre une faible dose du difénoconazole ou une strobilurine mais ces 2 solutions fongicides sont souvent réservées pour la suite de la protection » ajoute-t-il.
« L’efficacité de l’association cuivre + soufre reste malgré tout inférieure à celle du métirame, c’est pourquoi Syngenta teste l’intérêt de complémenter avec le biocontrôle REDELI® (homologué sur mildiou) pour renforcer l’action de ce mélange » explique Jean-Baptiste Drouillard.
A noter qu’en dehors du cuivre, 2 autres molécules multisites sont homologuées avec un usage black-rot, le dithianon et le folpel (à 1 500 g/ha) mais ces 2 substances actives ne sont pas compatibles avec tous les cahiers des charges.

Des solutions robustes comme DYNALI® / ROCCA® sur la période la plus sensible

La période la plus sensible au black-rot se situe à la formation du fruit (stade boutons floraux séparés à fermeture), « pour cette période, les vignerons s’orientent vers des solutions robustes avec une très bonne efficacité sur baies comme DYNALI® / ROCCA® / CONYDIA® et SCORE®, fongicides à base de difénoconazole » observe Gilles Robert. Ces spécialités sont également autorisées sur oïdium et présentent l’avantage d’être compatibles avec de nombreux cahiers des charges. Sur cette période sensible, il est possible de réaliser trois applications de DYNALI® / ROCCA®. 
Sur des stades précoces (boutons floraux séparés) ou fin de saison, des solutions fongicides de la famille des strobilurines sont également utilisables contre le black-rot souvent associées à du soufre pour l’oïdium. 
La protection de la vigne vis-à-vis du black-rot doit se maintenir jusqu’à la véraison en cas de présence sur grappes, « c’est pourquoi il est essentiel de combiner l’ensemble des solutions disponibles et de travailler sur de nouvelles pistes afin de contenir cette maladie qui s’exprime dans les parcelles de vigne à la faveur de printemps doux et humides » observe Jean-Baptiste Drouillard.


A SUIVRE - Des solutions de biocontrôle à l’essai

Depuis 2021, l’IFV pilote un programme « zéro black-rot » afin de trouver des solutions de biocontrôle efficaces contre cette maladie. Les premiers résultats restitués lors du dernier Sitevi à Montpellier montrent que les solutions les plus prometteuses associent du soufre et des phosphonates avec une bonne efficacité sur grappes. Parmi les pistes à suivre, les solutions à base d’hydrogénate de potassium et d’hydrogénate de sodium qui offrent des résultats intéressants en début de campagne sur feuilles.