La génétique et la chimie face aux maladies des céréales
A gauche, variété tolérante rouille jaune du blé. A droite, variété sensible.
Le choix de variétés tolérantes aux maladies permet de mieux raisonner l’usage des fongicides sur céréales.
Répondre aux exigences environnementales et sociétales
Les agriculteurs doivent aujourd’hui relever le défi d’une production en quantité et de qualité tout en limitant le recours aux produits phytosanitaires. Objectif, respecter les engagements pris dans le cadre d’Ecophyto et répondre ainsi aux attentes sociétales et environnementales. « Un challenge que les semenciers relèvent déjà depuis plusieurs années en intégrant dans les variétés de céréales des gènes de tolérance aux maladies mais aussi aux insectes (comme les cécidomyies) ou en développant des variétés de blé avec un volume de biomasse conséquent qui étouffe les mauvaises herbes » explique Olivier Borde, expert technique semences céréales chez Syngenta. Ainsi, grâce à l’évolution de la génétique, les agriculteurs peuvent raisonner et limiter l’utilisation des fongicides, insecticides et herbicides.
Privilégier des variétés tolérantes aux maladies
Le choix de variétés tolérantes aux maladies est le premier levier pour limiter le recours aux produits phytosanitaires. Certes, la variété productive et tolérante à toutes les maladies n’existe pas encore, mais le nombre de variétés tolérantes aux principales maladies des céréales augmente. Ainsi, toutes les variétés de blé font chaque année l’objet d’un classement établi par le CTPS avec une note Geves de 1 à 9 qui évalue la sensibilité de la variété aux principales maladies que sont le piétin verse, l’oïdium, la rouille jaune du blé, la rouille brune, la septoriose et la fusariose. Une note supérieure ou égale à 6 pour une variété vis-à-vis d’une maladie indique un très bon niveau de tolérance à celle-ci. « Cette tolérance variétale aux différentes maladies des céréales permet aux agriculteurs de choisir des variétés pour lutter contre les maladies auxquelles ils sont particulièrement exposés comme la septoriose ou la rouille jaune du blé dans certaines régions par exemple » observe Olivier Borde. « Notre nouvelle variété de blé SY Adoration offre ainsi une note de 7 vis-à-vis de la septoriose, de la rouille jaune du blé et de la rouille brune » (voir présentation en encadré).
Par ailleurs, pour les distributeurs, les variétés les plus tolérantes aux maladies leur permettent de bénéficier d’un certain nombre de points de certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP), dispositif mis en place en 2016, pour promouvoir et mettre en œuvre des actions permettant de réduire l’utilisation, les risques et les impacts des produits phytosanitaires.
SY Adoration, un blé tolérant aux maladies du feuillage La nouvelle variété SY Adoration est un blé demi-précoce BPS qui présente un très bon comportement vis-à-vis des maladies du feuillage avec notamment une note de tolérance GEVES de 9 sur le complexe mosaïques et une note de 7 sur oïdium, rouille jaune du blé, rouille brune et septoriose. Elle offre également une très bonne tolérance vis-à-vis des cécidomyies. Ces caractéristiques lui permettent d’obtenir une note maximale de CEPP car elle a tous les atouts pour contribuer à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. C’est par ailleurs, une variété productive avec un excellent poids spécifique et un bon taux de protéines, « SY Adoration répond ainsi à de nombreux critères recherchés par les agriculteurs, leur environnement et toute la filière céréales » souligne Olivier Borde. |
Surveiller l’évolution des tolérances aux maladies Les gènes de tolérances contre les maladies peuvent être contournés par les populations de bio agresseurs en constante évolution (comme c’est le cas pour la rouille jaune du blé). C’est pour cela que l’Inra, Arvalis et les sélectionneurs surveillent continuellement les populations de pathogènes. Les notes de tolérances sont actualisées tous les ans afin de maintenir la fiabilité des informations et les stratégies proposées aux producteurs. Ainsi, une variété tolérante à la rouille jaune du blé une année peut ne plus l’être quelques années plus tard. Il est donc indispensable d’être attentif à l’évolution des sensibilités pour choisir ses variétés. |
Adapter le programme fongicide mais protéger la dernière feuille
Le choix de variétés de blé qui cumulent de bonnes tolérances aux maladies de début de cycle comme le piétin verse, l’oïdium, la rouille jaune du blé et la septoria tritici, permet ainsi d’alléger le programme fongicide en modulant les doses au premier traitement. En revanche, souligne, Olivier Borde, « il sera toujours stratégique pour assurer le rendement de prévoir une protection de la dernière feuille avec un fongicide très efficace car cette feuille contribue au remplissage du grain et elle doit rester verte le plus longtemps possible ».
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