La prophylaxie, première méthode de lutte contre le botrytis

La prophylaxie contre le botrytis de la vigne permet de maîtriser la vigueur, limiter les blessures et aérer les grappes.
Maîtriser la vigueur de la vigne
Toutes les mesures qui permettent de maîtriser la vigueur de la vigne permettent de limiter le développement de Botrytis cinerea.
Cela commence dès la plantation par le choix d’un porte-greffe adapté à la vigueur du sol : à titre d’illustration des travaux conduits en Champagne par le CIVC ont montré que sur Pinot noir, le porte-greffe SO4 induit des taux de pourriture grise plus importants de par sa vigueur que le 41B (31 % à comparer à 16 %). La fertilisation azotée doit également être raisonnée et ajustée pour limiter la vigueur. Toujours dans ce même objectif, l’enherbement de l’inter-rang dans les parcelles de vigne apparaît comme une pratique majeure qui permet de réduire les taux d’attaque de pourriture grise : selon une étude conduite sur Sauvignon par la Chambre d’agriculture de la Gironde, dans un millésime à risque botrytis, une parcelle enherbée présentait un taux d’attaque des grappes de 28 % à comparer à 68 % sur le témoin cultivé. En raison de la réduction de la vigueur de la vigne induite par la présence d’un couvert végétal, le micro-climat des grappes est en effet amélioré.
Limiter les blessures sur les baies, portes d’entrée au botrytis
Dans la mesure où les blessures sur les baies sont des portes d’entrée pour Botrytis cinerea, toutes les mesures qui limitent ces blessures contribuent à prévenir le développement du botrytis. Cela concerne tout d’abord un bon enracinement de la vigne afin de limiter l’éclatement des baies après une pluie mais aussi un bon réglage des machines lors des interventions dans la vigne afin de ne pas abîmer la vigne, le réglage des rogneuses et des effeuilleuses est tout particulièrement à soigner. Pour limiter les blessures sur les baies, le maintien d’un bon état sanitaire est indispensable : la lutte contre les tordeuses de deuxième et troisième génération est très importante afin d’éviter que les perforations faites par les larves ne servent de porte d’entrée à Botrytis cinerea. La maîtrise de l’oïdium est également essentielle afin de conserver l’intégrité des baies.
Mettre en œuvre de pratiques culturales pour aérer les grappes
En agissant sur la distribution des grappes, le long des bois fructifères et sur l’entassement du feuillage autour des grappes, les interventions culturales à la parcelle influencent le développement de la pourriture grise : plus les grappes sont étalées et le feuillage aéré, moins les risques de développement de Botrytis cinerea sont importants. Parmi les opérations en vert qui permettent d’aérer les grappes, l’effeuillage précoce avant la véraison a fait ses preuves pour limiter le développement du botrytis en aérant la zone fructifère et en facilitant par ailleurs la pénétration des traitements anti-botrytis effectués en complément des mesures prophylactiques. Plusieurs autres pratiques culturales permettent de prévenir le développement du botrytis : l’épamprage qui facilite l’aération des raisins, l’ébourgeonnage qui réduit le volume de récolte et limite l’entassement des raisins sous les feuilles, l’éclaircissage qui favorise la précocité et supprime les paquets de raisins mais aussi le rognage qui, par l’augmentation de la hauteur, favorise la précocité ainsi qu’une maturité plus homogène. Concernant la précocité, une avance de la maturité technologique peut en effet permettre une vendange avant les pluies qui accompagnent parfois la période de l’équinoxe.
La mise en œuvre, en complément de ces mesures prophylactiques, d’un programme anti-botrytis adapté au risque de l’année et de la parcelle permettra de garantir une vendange de qualité récoltée à maturité.