Réussir les semis de colza dans le nord de la France
Dans les régions nord, le colza exprime tout son potentiel. À préserver dès le semis.
Le semis, déterminant pour préserver le rendement du colza
Dans les zones de production du nord de la France, le colza est une culture importante (450 000 hectares semés en 2019) aux côtés d’autres têtes de rotation comme la betterave, le maïs ou encore la pomme de terre. « C’est une zone de production où le potentiel du colza est élevé avec un rendement moyen de 38 q/ha » observe Fabien Massot, expert technique national herbicides chez Syngenta. Les colzas de cette région ne sont pas encore trop impactés par la problématique grosse altise comme c’est le cas dans les régions de production du centre de la France. « En revanche, c’est une zone où les adventices, en particulier les graminées sont très présentes » ajoute l’expert. En 2019, les semis ont été réalisés dans des conditions très sèches, peu favorables à l’implantation du colza. « Le semis du colza est une étape déterminante pour préserver le potentiel de rendement » rappelle Fabien Massot. Plusieurs leviers agronomiques peuvent être mis en œuvre pour réussir l’implantation du colza.
Implanter les colzas avant le 25 août
Pour mettre le colza à l’abri des grosses altises qui sont à surveiller dans la région, il est recommandé de semer les colzas entre le 15 et le 25 août. « L’objectif, explique Fabien Massot, est que le colza soit au stade 4 feuilles au moment de l’arrivée des grosses altises dans la culture ». Le stade de sensibilité maximal du colza vis-à-vis de ces insectes se situe en effet de la levée à 4 feuilles.
Adapter le travail du sol au type de sol et au climat de l’année
La préparation du sol est très importante pour éviter notamment l’assèchement du sol et permettre une levée rapide du colza. Le colza étant une plante à pivot, il peut être intéressant, si les conditions climatiques et le type de sol (sableux, peu argileux) le permettent de réaliser un labour. En situation très sèche, comme en 2019, il était préférable de préparer le sol avec des outils plus superficiels afin de limiter le dessèchement du sol. D’une manière générale, mieux vaut généralement intervenir au plus tôt après la récolte même dans un sol sec, en espérant la pluie pour faire lever le colza.
Fertilisation
Apport de matière organique ou engrais starter ?
Pour un bon démarrage du colza, un apport de matière organique peut être envisagé avant le semis. Un engrais starter peut également être apporté au moment du semis, dans ce cas, le niveau de l’apport doit être calculé en fonction du rendement du précédent.
Un semis de précision pour des levées plus rapides et homogènes
Un semis de colza de bonne qualité nécessite des graines bien positionnées à environ 2 cm de profondeur. De ce point de vue, les semoirs monograines présentent l’avantage de faciliter ce positionnement avec un rappui de la graine, ce qui permet des levées à la fois plus rapides, vigoureuses et homogènes qu’avec un semoir à céréales. Le semis de précision est également un préalable indispensable en vue d’un binage (qui nécessite un écartement minimum de 40 cm) pour les producteurs qui l’envisagent.
Binage
Complémentaire au désherbage
Le binage peut compléter efficacement l’action des herbicides. Il est réalisable à partir du stade 3 feuilles du colza sous réserve d’avoir un écartement d’au moins 40 cm et d’exclure les parcelles avec cailloux. Le sol doit être ressuyé et le temps sec les jours suivants afin que les adventices sèchent rapidement sans risque de repiquage. Le binage peut être intéressant sur des mauvaises herbes jeunes en complément d’un désherbage de post-semis prélevée.
Introduire des plantes compagnes au moment du semis
« L’implantation de plantes compagnes dans la culture du colza au moment du semis est une pratique qui commence à se développer dans la région » souligne Fabien Massot, « avec près de 10 % des surfaces de colza concernées ». Cette technique qui consiste à associer aux graines de colza au moment du semis des légumineuses comme les féveroles, trèfles, vesces ou encore du fenugrec permet de développer une masse végétative plus importante à l’automne. Cela facilite ainsi la lutte contre les ravageurs comme les grosses altises et le charançon du bourgeon terminal sans concurrencer le colza à cette période. Ces plantes ont par ailleurs une action restructurante sur le sol et permettent de réintroduire de la matière organique. « Nous avons pu observer également des bénéfices sur le contrôle des ray-grass mais aussi des véroniques et matricaires » remarque Fabien Massot.
Compléter par un désherbage de prélevée
Si, tous ces leviers agronomiques facilitent l’implantation du colza, « ils doivent être impérativement complétés dans cette région par un désherbage de post-semis prélevée afin de contrôler les graminées qui sont très présentes dans ces zones de production » observe Fabien Massot. « Les stratégies de désherbage en post-levée avec des herbicides antigraminées comme la propyzamide ne sont pas suffisantes » précise-t-il. Plus de détails sur les programmes de désherbage dans votre région dans un prochain article.