Irriguer le tournesol, une stratégie gagnante

Irriguer le tournesol permet de gagner en moyenne 10 quintaux avec deux à trois tours d’eau encadrant la floraison.
Le tournesol, une culture résistante au stress hydrique et sensible au manque d’eau
Le tournesol a la réputation d’être une plante « rustique » qui résiste bien au stress hydrique. Malgré tout, si sa capacité à extraire l’eau dans les couches profondes du sol et ses capacités d’ajustement osmotiques sont bien réelles, à l’approche de la floraison et après la floraison, ses besoins en eau sont conséquents. En situation de manque d’eau sur ces périodes, la mise en place du nombre de graines et le remplissage des grains peuvent être affectés avec des conséquences importantes sur le rendement (avec des pertes pouvant atteindre 30 % du rendement) et la teneur en huile (2 à 3 points). « Pour un apport de 100 mm en 3 tours d’eau, le gain de rendement moyen observé est de 10 q/ha » observe Sylvain Lascabettes. Or, selon Terres Innovia, si 18 % de la sole tournesol est positionnée sur des terres irrigables, seulement 6 % des surfaces de tournesol sont irriguées avec 57 mm apportés en deux tours d’eau en moyenne. « L’irrigation du tournesol est une opportunité souvent négligée par les producteurs alors qu’elle permet de sécuriser le rendement si les apports sont réalisés au bon moment » souligne l’expert.
Repères
Les besoins en eau du tournesol
Les besoins en eau du tournesol sans impact sur le rendement sont de 420 mm dont :
- 160 mm jusqu’à la floraison
- 70 mm pendant la floraison
- 150 à 180 mm pendant la phase de maturité
Si ces besoins sont assurés à hauteur de 75 %, le rendement n’est pas affecté.
A titre de comparaison, les besoins en eau du maïs sans restriction sur le rendement sont de 495 mm et doivent être assurés à 95 % pour atteindre le rendement optimal.
En conséquence, si deux à quatre tours d’eau peuvent être nécessaires pour l’alimentation hydrique du tournesol, pour le maïs, il faut souvent envisager 7 à 8 tours d’eau.
Raisonner les apports d’eau selon la taille des tournesols et le type de sol
L’objectif de l’irrigation est d’accompagner le cycle du tournesol au début de la floraison et à la fin de la floraison si les précipitations de l’année sont insuffisantes.
La date des tours d’eau est alors raisonnée en fonction du niveau de croissance du tournesol au stade bouton et de la nature du sol et de sa capacité à fournir l’eau nécessaire au développement de la plante. Ainsi, pour les sols superficiels qui sont les plus sensibles au manque d’eau :
- si la croissance au stade bouton est faible, 2 à 4 tours d’eau pourront être ainsi être envisagés (avant la floraison, début floraison, fin floraison, 10 jours plus tard)
- si le tournesol au stade bouton est développé et couvre l’inter-rang, il ne sera alors pas nécessaire de réaliser l’ apport avant la floraison.
Le raisonnement des apports d’eau selon la grosseur du tournesol au stade bouton 2 cm et la profondeur de sol est détaillé dans le tableau ci-après.

Pour qu’il soit bien valorisé par le tournesol, chaque tour d’eau doit apporter +/- 30 mm d’eau et il faut attendre 8 à 10 jours entre 2 tours d’eau. En cas de pluie, le tour d’eau sera décalé : + 1 jour pour 5 mm de pluie.
Pour bien valoriser l’irrigation, il est également recommandé de maîtriser la fertilisation azotée, d’éviter les carences en bore qui réduisent la surface foliaire et de limiter le risque phomopsis et sclérotinia en privilégiant des variétés très peu sensibles ou peu sensibles à ces maladies.