Le tournesol, une culture économe en engrais

Tournesol
Le tournesol, une culture économe en engrais

Le tournesol est une culture dont les besoins en engrais azotés, phosphatés et potassiques sont modérés. Mais attention aux impasses et n’oubliez pas le bore !

Des besoins en azote modérés

Les besoins en azote du tournesol sont modérés. Ils sont proportionnels au rendement à raison de 4,5 kg d'azote absorbé par quintal. Au-delà de 150 kg d'azote absorbés/ha, l'azote n'est plus limitant.
Pour produire 30 quintaux de graines à l’hectare, il ne faut donc que 135 unités d’azote.
Bien enraciné et si les conditions de croissance et la profondeur du sol le permettent, le tournesol peut puiser une grande partite de l’azote disponible dans le sol lors de son cycle. La fertilisation azotée vise à compléter les fournitures du sol, si nécessaire, afin de satisfaire les besoins de la plante. En général et pour un reliquat moyen de 60 unités au semis avec un objectif de rendement de 35 q/ha, l’apport d’azote varie de 40 à 80 unités.

Apport d’azote recommandé en fonction du reliquat au semis et du potentiel du sol – Terres Inovia

Reliquat d’azote au semis Sol superficiel (potentiel de 25 q/ha) Sol profond (potentiel de 35 q/ha)
Faible (30 unités) 40 à 80 unités 80 à 100 unités
Moyen (60 unités) Moins de 40 unités 40 à 80 unités
Elevé (90 unités) Pas d’apport  Moins de 40 unités

En 2022, selon Terres Inovia, malgré un contexte inflationniste sur le marché des engrais, le coût de l’apport d’azote était inférieur à 150 euros/ha, un coût élevé certes, mais qui fait de la culture du tournesol une culture économiquement intéressante pour des cours de marché au minimum à 450 euros la tonne (début mars 2023, le cours du tournesol se situait aux environ de 550 euros la tonne).

Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu’au semis

La période la plus propice à la fertilisation azotée du tournesol se situe en végétation entre les stades 6 à 14 feuilles. Un apport à cette période permet une meilleure valorisation de l’engrais, puisqu’il est apporté au plus près des besoins de la plante. 
Si le tournesol est une plante dont les besoins en azote sont modérés, il faut souligner qu’un excès ou un manque d’azote de 50 unités/ha peut pénaliser la teneur en huile de 0,6 point. Par temps sec, Terres Inovia préconise la forme solide et déconseille l’utilisation de solution azotée pour limiter les risques de brûlure des feuilles, à moins d’utiliser un pulvérisateur équipé de pendillards.


Calibrer la fertilisation azotée avec une bande Héliotest

Pour calibrer le complément de fertilisation minérale azotée, Terres Inovia conseille la mise en place d’une bande Héliotest sur laquelle une dose d’azote de 60 à 80 unités est apportée, le reste de la parcelle n’étant pas fertilisé. Ainsi, si des différences visuelles sont visibles entre les deux zones, alors un apport d’azote est recommandé. La dose d’azote apportée tiendra compte alors du potentiel de rendement et du stade auquel la différence visuelle est observée.


Attention aux impasses de phosphore et potasse

Le tournesol est une plante considérée comme peu exigeante en phosphore et moyennement exigeante en potasse. Ces éléments combinés aux prix élevés des fertilisants phospho-potassiques peuvent inciter certains producteurs de tournesol à généraliser les impasses. Ils doivent malgré tout rester très vigilants, car pour couvrir les exportations et pour un objectif de rendement de 35 q/ha dans un sol déjà bien pourvu, il faut apporter environ 40 unités d’acide phosphorique et 40 unités de potasse.
Selon une enquête Terres Inovia réalisée en 2017 sur les conduites du tournesol, près de la moitié des surfaces de tournesol ne recevaient pas de phosphore et de potasse.
Chaque année, quelques parcelles carencées sont observées. Les carences phospho-potassiques freinent la croissance végétative de la plante et limitent son potentiel de rendement.

Prévenir la carence en bore

Prévenir la carence en bore

Le bore est un oligo-élément majeur pour le développement du tournesol. Sur la période qui va du stade « 5 paires de feuilles » au stade bouton floral, le tournesol absorbe 400 à 500 grammes de bore/ha. Pendant cette période qui s’étale sur une vingtaine de jours, toute carence en bore peut être très pénalisante pour le rendement avec des pertes qui peuvent atteindre 10 q/ha mais aussi pour la qualité des graines des tournesols avec 5 points d’huile en moins.
La carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative. En situation de carence confirmée par des analyses ou pour les situations à risque, il est donc vivement recommandé de réaliser des apports de bore au moment du semis et/ou en apport foliaire. « L’apport foliaire de bore est plus efficace car il est mieux assimilé et corrige plus rapidement la carence » observe Sylvain Lascabettes, responsable marketing oléagineux chez Syngenta. Cet apport doit être réalisé au début de la période des besoins en bore du tournesol, c’est-à-dire entre le stade « 5 paires de feuilles » et le stade limite passage tracteur (le tournesol mesure alors 55 à 60 cm). L’application foliaire de bore peut être couplée avec un traitement fongicide pour lutter contre le phomopsis et le phoma.