Anticiper le risque de carence en bore sur tournesol

Une carence en bore sur tournesol peut faire perdre 10 q/ha et 5 points d’huile. Comment prévenir ce risque ?
Réaliser des analyses de sol et de feuilles pour déterminer les besoins
Les facteurs de risque de carence en bore sont bien connus :
- sols légers (sables, boulbènes, argilo-calcaires)
- sols calcaires (plus de 5 % de calcaire total)
- sols ou les carences en bore ont été observées au cours des années antérieures
- sols compactés pénalisant l’enracinement
- retour fréquent du tournesol dans les rotations (un an sur deux ou trois) sans apport de bore
- des chocs thermiques (températures supérieures à 30 ° C) entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison.
- des conditions sèches entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison
Mais, pour évaluer avec précision le risque de carence en bore sur tournesol, l’analyse de terre et/ou l’analyse foliaire sont recommandées. « En dessous, de 0,6 ppm, un sol est considéré comme pauvre en bore » observe Sylvain Lascabettes, chef de produit oléagineux chez Syngenta. Une analyse foliaire à réaliser entre la 5ème et la 6ème feuille permet d’affiner les besoins.
Repères : besoins en bore et symptômes de carence sur tournesol
- Le bore est un oligo-élément majeur pour le développement du tournesol. Il agit sur les 3 facteurs de rendement : nombre de capitules, nombre de grains et PMG. Le tournesol en absorbe 400 à 500 gr/ha entre les stades « 5 paires de feuilles » et « bouton floral ». Pendant cette période qui s’étale sur une vingtaine de jours, toute carence en bore peut être très pénalisant pour le rendement avec des pertes qui peuvent atteindre 10 q/ha mais aussi pour la qualité des graines des tournesols avec 5 points d’huile en moins.
- La carence en bore s’exprime en bore sur feuilles, 10 à 15 jours après un défaut d’alimentation, par un gaufrage puis une décoloration et une grillure de la base du limbe (zones internervaires). La surface foliaire, essentielle au remplissage des graines, est alors réduite. Dans les cas graves, des crevasses transversales avec émission de gomme conduisent parfois au cisaillement de la tige et à la chute du capitule. Une carence en bore peut également entrainer un défaut de remplissage du grain. Des déficiences précoces (lors de l'initiation florale) peuvent entraîner des malformations de capitules (fleurs liguées ou bractées au centre du capitule).
Dans les situations à risque, intervenir préventivement
La carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative. En situation de carence confirmée par des analyses ou pour les situations à risque, il est donc vivement recommandé de réaliser des apports de bore au moment du semis et/ou en apport foliaire.
« L’apport foliaire de bore est plus efficace car il est mieux assimilé et corrige plus rapidement la carence » observe Sylvain Lascabettes. Cet apport doit être réalisé au début de la période des besoins en bore du tournesol, c’est-à-dire entre le stade « 5 paires de feuilles » et le stade limite passage tracteur (le tournesol mesure alors 55 à 60 cm). L’application foliaire de bore peut être couplée avec un traitement fongicide pour lutter contre le phomopsis et le phoma, « dans des essais réalisés par Syngenta comparant une application fongicide* et une application fongicide + bore**, nous avons observé que l’ajout de bore au fongicide permettait de gagner + 2,3 q/ha » remarque Sylvain Lascabettes.
En pratique, seulement 20 % des surfaces de tournesol sont protégées avec un fongicide et selon la dernière enquête pratique culturale de Terres Inovia, seulement 50 % des parcelles de tournesol reçoivent un apport de bore. Et, bonne nouvelle pour prévenir la carence en bore, 90 % des traitements fongicides sont couplés à un apport de bore foliaire.
*61 comparaisons de 2011/2013 : le traitement fongicide permet de gagner + 3,4 q/ha par rapport au témoin
**13 comparaisons de 2011/2013 : l’application fongicide + bore permet de gagner + 6 q/ha par rapport au témoin
La carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative.
Le recours à l’irrigation en cas de sécheresse favorise l'absorption du bore et peut limiter l’apparition de carence.