Comprendre et agir face aux résistances des fongicides sur blé

Céréales

Le webinaire « Au cœur de la Protection Fongicide des blés » a suscité l’intérêt des professionnels.

Un webinaire dédié aux résistances des maladies aux fongicides

Dans un contexte de crise sanitaire qui se prolonge, le webinaire « Au cœur de la Protection Fongicide des Blés » organisé par Syngenta le 12 janvier dernier a réuni près d’une centaine de participants qui sont restés connectés pendant une heure pour mieux comprendre les mécanismes de la résistance génétique à la rouille jaune, s’informer sur l’état des résistances de la septoriose du blé aux fongicides en France et en Europe et trouver des clés pour une protection fongicide efficace et responsable.
« La protection fongicide est un facteur clé de la rentabilité des blés et la compréhension des mécanismes de l’évolution des résistances est essentielle pour mettre en œuvre des programmes de protection fongicide efficaces et durable » observe Fabrice Blanc, expert technique fongicide céréales et intervenant dans ce webinaire.

Surveiller l’évolution de la résistance des variétés à la rouille jaune

« La rouille jaune est une maladie qui peut avoir un impact très fort sur le rendement du blé tendre et elle intervient très tôt dans le cycle de la plante » a rappelé Yan Manès, Responsable R&D semences de céréales chez Syngenta, en introduction de sa présentation sur le contournement de la résistance à la rouille jaune. Le choix de variétés résistantes à cette maladie est donc un élément très important de la stratégie de protection des blés tendres. La plupart des variétés de blé offrent un très bon niveau de résistance (70 % des blés ont une note Géves rouille jaune supérieure à 7) mais le risque de contournement existe en particulier sur les stades précoces de développement (tallage, montaison) avec parfois une nuisibilité non attendue dans la mesure où certaines variétés résistantes deviennent sensibles d’une année sur l’autre. « Les gènes de résistance qui se mettent en place au stade précoce confèrent en effet à la variété de blé une résistance totale mais qui peut, malheureusement, être contournée facilement » explique Yan Manès, « alors que les gènes de résistance qui se mettent en place plus tardivement confèrent une résistance partielle à la plante, mais l’accumulation de ces gènes assure une résistance plus durable ». La technique du marquage moléculaire permet de repérer ces gènes afin de les sélectionner. Pour le chercheur, cette situation doit inciter à la plus grande vigilance avec des observations en cours de saison mais aussi à la nécessité de maintenir une certaine diversité dans les choix variétaux, « plus une variété est cultivée, plus le risque de contournement de résistance à une maladie comme la rouille jaune est important ».


Définition 

Résistance ou tolérance
Par rapport à une plante sensible à la maladie, la résistance est souvent définie comme une diminution de la croissance du pathogène sur la plante ou dans celle-ci alors que la tolérance aux maladies décrit des plantes qui présentent moins de lésions dues à la maladie malgré des niveaux similaires de croissance du pathogène.


Contrôler les maladies et gérer les résistances 

Le contournement de la résistance à la rouille jaune est un exemple qui démontre à quel point dans un écosystème agricole moderne avec une faible diversité des espèces, des génotypes sélectionnés peuvent s’adapter aux pratiques et se développer. « Cette situation », commente Stephano Torriani, responsable de l’équipe recherche monde sur les fongicides au centre de recherche Syngenta de Stein en Suisse, « nécessite à la fois de contrôler les maladies présentes et de gérer les résistances et leur progression ». Dans ce contexte, cet expert rappelle qu’il est très important d’utiliser au maximum les différents fongicides disponibles pour la protection contre les maladies des céréales : les triazoles, les strobilurines, les carboxamides et les multisites. Et, dans la mesure où il n’est possible d’agir ni sur le mode d’action, ni sur le pathogène, le seul moyen de prévention des résistances est la mise en œuvre de pratiques agronomiques susceptibles de diminuer le risque de résistances : choix de variétés résistantes, alternance des modes d’action et association des fongicides, respect des doses recommandées notamment. 
Pour illustrer à quel point il est très important de mettre en œuvre des stratégies anti-résistance, Stéphano Torriani a rappelé que, « pour la septoriose, maladie très préjudiciable au blé tendre, qu’en dehors des multisites, toutes les familles chimiques sont impactées par la résistance à divers niveaux depuis de nombreuses années. C’est notamment le cas des triazoles, des strobilurines et dans une moindre mesure des carboxamides, famille pour laquelle la situation est encore favorable en France mais à surveiller de près compte tenu des évolutions en Angleterre ou en Irlande ».

Les clés pour maîtriser les maladies et prévenir les résistances 

Face au développement observé de variétés de blé résistantes à la rouille jaune qui deviennent sensibles, « la stratégie à mettre en œuvre s’appuie sur plusieurs outils » observe Fabrice Blanc : « diversifier autant que possible les variétés, utiliser les OAD pour suivre l’évolution de la maladie, surveiller les parcelles et en cas de dépassement des seuils, réaliser une ou deux interventions fongicides si nécessaire car la maladie peut engendrer des pertes de rendement très importantes ».
« Concernant la septoriose, maladie majeure des blés tendres, pour laquelle on peut s’attendre à 90 % de souches résistantes aux triazoles dès 2022 », observe l’expert, « il est très important de protéger l’efficacité des familles chimiques disponibles pour assurer la rentabilité de la culture du blé ». 
La Protection Fongicide Responsable, démarche développée par Syngenta depuis 10 ans, propose des clés afin de pérenniser l’efficacité des fongicides à prendre en compte dans les programmes :

  • limiter le plus possible le recours aux triazoles, les associer et les alterner dans les programmes, 
  • intégrer un fongicide multisite sur les parcelles à risque septoriose,
  • intégrer des familles ou des modes d’action uniques,
  • utiliser au maximum un fongicide de la famille des carboxamides par hectare et par an,
  • positionner les applications fongicides le plus tôt possible dans le cycle des septorioses.

« Parallèlement », ajoute Fabrice Blanc, « il est très important de mettre en œuvre tous les leviers agronomiques avec le choix de variétés tolérantes aux maladies par exemple et de privilégier l’utilisation d’OAD comme Avizio™, pour évaluer les risques maladies en saison et positionner au mieux les traitements fongicides ».


Repères 

La septoriose et la rouille jaune sont deux maladies très préjudiciables :

  • jusqu’à 50 q/ha pour la septoriose des blés, 
  • en moyenne 38 q/ha pour la rouille jaune et (jusqu’à 78 q/ha dans les cas les plus graves).