Nouvelle donne face au mildiou de la pomme de terre

Le retrait du mancozèbe et la présence de nouvelles souches virulentes nécessitent une évolution de la protection du mildiou de la pomme de terre.
Le mancozèbe, un fongicide largement utilisé
Le mancozèbe ne sera plus disponible pour la campagne 2022 (retrait au 4/01/2022). « C’était une solution fongicide très largement utilisée dans toutes les régions de production pour protéger les pommes de terre du mildiou du début du cycle à la végétation stabilisée » observe François Senechal, responsable technique et marketing pomme de terre chez Syngenta « Ce fongicide à action multisite représentait encore plus de 30 % des hectares traités en 2020. Utilisé seul ou associé, du fait de son action multisite, c’était un très bon outil de gestion des résistances au sein des programmes ».
Le retrait du mancozèbe va avoir pour conséquence la disparition de plus de 20 spécialités utilisées dans la lutte contre le mildiou, un véritable bouleversement qui va nécessiter une adaptation des programmes pour garantir aux producteurs de pomme de terre une efficacité durable.
Présence étendue de nouvelles souches de mildiou virulentes
Dès 2014, les nouvelles souches de mildiou nommées EU_36_A2 et EU_37_A2 ont fait leur apparition aux Pays-Bas et en Belgique et ont rapidement conquis la partie ouest de l’Europe. Ces souches, maintenant bien installées sont plus complexes à combattre pour différentes raisons :
- EU_36_A2 est une souche réputée plus agressive, avec une période d’infection plus courte et une production de spores plus grande. Les symptômes générés par cette souche sont d’ailleurs plus larges que les symptômes habituels.
- EU_37_A2 est une souche qui présente une perte de sensibilité nette au fluazinam, molécule couramment utilisée pour la protection de la pomme de terre. Cette moindre sensibilité a déjà conduit les producteurs depuis plusieurs saisons à réduire l’utilisation des solutions à base de cette molécule, et de ne l’utiliser qu’en association et en alternance, de préférence en fin de saison.

Evolution des souches de mildiou dans les principaux pays d’Europe
2021, une campagne avec une très forte pression mildiou
« La campagne 2021 a rappelé aux producteurs que le risque mildiou pouvait très vite augmenter en cours de campagne à la faveur de conditions climatiques favorables et que la réactivité était indispensable. La très forte pression mildiou a nécessité une protection sans faille pour sauver la récolte. Toutes les solutions fongicides encore disponibles étaient indispensables » observe François Sénéchal. Au final, en France, c’est près de 4 interventions supplémentaires par rapport à une année moyenne qui ont été nécessaires pour maîtriser le mildiou et le nombre de produits moyen est en nette augmentation lié aux mélanges.
Utiliser et préserver toutes les solutions fongicides contre le mildiou
Pour construire les programmes de protection contre le mildiou, il faudra intégrer les solutions fongicides en optimisant leur positionnement selon leurs caractéristiques et en alternant les modes d’action tout au long du cycle. Il faudra être très attentif au développement de phénomènes de résistance comme c’est le cas avec le fluazinam avec des pertes d’efficacité observées. La préservation de tous les modes d’action est d’autant plus importante avec l’apparition de nouvelles souches de mildiou plus virulentes qui ont fait leur apparition sur une majeure partie des zones de production.
« Pour une gestion optimale du mildiou, il est préférable d’utiliser des modes d’action adaptés à chaque stade de la pomme de terre. Ainsi, en période de croissance active, stade critique dans la gestion de la maladie, une solution fongicide à action translaminaire comme le fongicide Revus® permet de protéger la culture de pomme de terre pendant 5 à 7 jours en fonction du niveau de la pression mildiou » précise François Sénéchal.
Adapter les cadences et respecter les doses
Pour ajuster les cadences au risque mildiou, les producteurs de pomme de terre peuvent s’appuyer sur les outils d’aide à la décision et les recommandations des conseillers techniques.
« Dans ce nouveau contexte de réduction des molécules disponibles pour lutter contre le mildiou de la pomme de terre, il est par ailleurs très important de respecter les doses d’utilisation pour limiter l’exposition des différentes familles chimiques encore disponibles aux phénomènes de résistance » ajoute François Sénéchal, en croissance active, avec la forte dynamique de végétation, baisser les doses exposera davantage la robustesse et la régularité de réponse des fongicides ».

Illustration de la dynamique de pousse avec une séquence photo en croissance active
Revus en bref :
- 250 g/l de mandipropamid (famille des CAA)
- Homologué à la dose de 0,6 l/ha
- Cadence de 7 jours réduite à 5 jours en situation de forte pression mildiou
- A l’abri du lessivage une heure après l’application
- 4 applications maximum par campagne