Ne vous faites pas surprendre par la rouille jaune

Céréales
Ne vous faites pas surprendre par la rouille jaune

La rouille jaune concerne de plus en plus en de bassins céréaliers. Une maladie explosive à prendre en compte dès les premiers foyers.

La rouille jaune progresse vers le centre, la façade atlantique et le sud

Historiquement cantonnée dans le nord-ouest, en Bretagne et en Normandie, la rouille jaune est une maladie des blés qui progresse depuis 2015 dans la plupart des régions céréalières et plus particulièrement vers le nord-est, le centre et le sud. Ainsi des départements comme le Gers, la Drôme ou l’Isère sont aussi concernés par la problématique rouille jaune.  « En 2021, à la faveur d’un printemps doux et humide certains céréaliers des zones de production du sud ou du centre-ouest se sont ainsi fait surprendre par cette maladie qui peut devenir explosive si les attaques précoces ne sont pas maîtrisées » observe Fabrice Blanc, Expert Technique National fongicides céréales chez Syngenta.

Un climat favorable et de nouvelles races de rouille jaune

« Le développement de la rouille jaune dans les zones de production céréalières s’explique par deux phénomènes qui se conjuguent » observe Fabrice Blanc, « un climat favorable avec des hivers puis des printemps doux et humides favorables à la maladie d’une part et l’évolution des races de rouille jaune ». En effet, depuis quelques années, cette maladie est observée sur des variétés classées tolérantes avec le développement de nouvelles races de rouille jaune. « L’évolution peut être très rapide et une variété tolérante peut devenir sensible en quelques campagnes seulement » remarque Fabrice Blanc. Cette situation nécessite la plus grande vigilance de la part des agriculteurs qui peuvent s’appuyer sur les seuils officiels d’intervention et sur un outil d’aide à la décision comme Avizio™ qui permet d’intégrer en cours de campagne l’évolution de la sensibilité variétale.
« Ce sont les attaques précoces souvent détectées trop tard qui peuvent causer les pertes les plus importantes » souligne l’expert . Les interventions fongicides sont à envisager en fonction des observations à la parcelles et des risques annoncés par les OAD.


Repères

  • Seuils d’intervention : la présence de foyers actifs entre le stade épi 1 cm et le stade 1 nœud ou présence de pustules après le stade 1 nœud déclenche le T1 et si la pression persiste (pustules toujours actives), un T2 doit être envisagé dans un délai maximum de 3 semaines après le T1. Si la rouille jaune apparaît vers le stade 2-3 nœuds, il est aussi préférable d’intervenir pour enrayer la maladie sans attendre le traitement pivot des blés au stade DFE.
  • Symptômes : la rouille jaune du blé apparaît d'abord sur les feuilles du bas de quelques plantes. Ensuite, des taches jaunes apparaissent et si les conditions climatiques sont favorables, la rouille jaune peut alors infester l’ensemble de la parcelle.
    Les symptômes apparaissent sur les feuilles et parfois sur les épis sous forme de petites pustules jaunes pulvérulentes alignées et groupées en stries suivant les nervures.
  • Facteurs favorables : des printemps frais et humides, avec des températures moyennes modérées (10 à 20 °C). Les températures très élevées sont défavorables à la maladie. Les températures négatives stoppent l’activité de la maladie, mais ne détruisent pas l’inoculum. Les hivers doux sont généralement favorables.

L’expérience de 2 régions « historiques » face à la rouille jaune

La Bretagne et la Normandie sont 2 régions impactées par la rouille jaune depuis plusieurs années. Tony Daniel et Vincent Hue, Ingénieurs Solutions Agroécologie dans ces deux zones de production céréalières expliquent comment ils ont vu évoluer cette maladie dans leur région et quelle stratégie envisager pour la maîtriser.

Des variétés tolérantes à la rouille jaune deviennent sensibles en une année ! - Tony Daniel, Ingénieur Solutions Agroécologie en Bretagne

« La Bretagne est une région céréalière historiquement impactée par la rouille jaune. C’est désormais une maladie qui devient préoccupante sur toute la façade ouest. Les céréaliers se doivent d’être très vigilants sur les variétés sensibles à très sensibles mais également sur les variétés tolérantes qui peuvent passer d’un caractère tolérant à un caractère sensible en l’espace d’une année seulement. Témoin de la présence et de la virulence de la rouille jaune dans la région, en 2021, sur un site au nord des Côtes d’Armor, on a pu observer de la rouille jaune de mi-mars à fin mai sur certaines variétés.  Depuis quelques années, il semble que le contournement de résistance variétale s’accélère. L’évaluation en cours des souches en présence par l’INRAe suite aux prélèvements réalisés dans les différentes zones de production céréalières par les acteurs de la distribution et Syngenta nous permettra d’en savoir plus. Malgré les contournements, la 1ère règle pour maîtriser la rouille jaune reste le choix de la variété. Puis, l’utilisation d’un OAD comme Avizio permet de suivre le risque sur les parcelles avec la possibilité d’ajuster les notes de sensibilité variétales en fonction des observations de terrain. Si la situation le nécessite, au T1, les associations fongicides à base d’Amistar® et de bromuconazole (Ninevi®) ont démontré tous leur intérêt dans nos essais tout comme les interventions fongicides au T2 avec la spécialité Elatus®Era, efficace sur le complexe rouilles/septoriose.
En cas de forte pression rouille jaune, les pertes de rendement peuvent atteindre 30 à 50 q/ha, une nuisibilité qui justifie de tout mettre en œuvre pour maîtriser cette maladie explosive. »

Intégrer le risque rouille jaune au T1 et au T2 des blés - Vincent Hue, Ingénieur Solutions Agroécologie en Normandie

« Si les zones céréalières de la bordure maritime de la Normandie sont historiquement concernées par la rouille jaune, depuis plusieurs années, on constate une extension de cette maladie vers l’intérieur des terres. Les printemps doux et humides expliquent en partie cette tendance mais il faut aussi prendre en compte l’évolution des souches de rouille jaune avec des races qui semblent moins sensibles à des températures élevées, ce qui fait que cette maladie peut être observée malgré des températures supérieures à 25 °C. Ainsi, de plus en plus de variétés tolérantes à la rouille jaune sont impactées par cette maladie qui est de plus en plus en prise en compte dans la stratégie de protection des blés. Sur certaines zones, c’est même un élément déclencheur du T1 en fonction des observations et du risque rouille jaune estimé par un OAD comme Avizio.  Dans nos zones de production on se doit d’avoir des solutions septoriose et rouille jaune au T1 et au T2. Dans nos essais, les solutions fongicides à base d’Amistar®/Ninevi® ont donné toute satisfaction au T1 tout comme les solutions à base d’Elatus Era au T2. »