Maïs : faire face à la diversification de la flore adventice

En dix ans, la diversification des adventices a explosé sur l’ensemble du territoire, compliquant fortement le désherbage.
Les dicotylédones « difficiles » prennent de l’ampleur
Des dicotylédones dites « difficiles » (mercuriale annuelle, renouée des oiseaux, renouée liseron, véroniques…) prennent de l’ampleur. Difficiles à désherber et source régulièrement de baisse de rendement, celles-ci se sont installées rapidement et côtoient des flores dites « émergentes » (datura, pourpier, lampourde, ambroisie, …). Elles s’ajoutent aux graminées estivales qui accompagnent habituellement le maïs, dont certaines sont botaniquement proches (panic pied de coq, sétaire, digitaire…) ainsi qu’à une flore plus classique, de dicotylédones annuelles ou vivaces, mais dont la nuisibilité ne doit pour autant pas être négligée. La fréquence de ces dernières semble stable en fréquence d’observation, tandis que celle des « nouvelles » dicotylédones tend à augmenter. Chez les graminées, les populations se caractérisent par des densités fortes au mètre carré et les inventaires font ressortir une progression vers le nord de plusieurs espèces estivales. Dans tous les cas, les adventices réputées difficiles à détruire progressent sur l’ensemble du territoire.
« Situation préoccupante »
Auparavant, on pouvait ne se préoccuper que d’une dizaine d’espèces, mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas, affirment de concert techniciens, chercheurs et exploitants. « J’ai surtout des problèmes récurrents de datura, commente Guillaume Chamouleau, agriculteur en Charentes (200 ha de SAU, 50 ha de maïs, rendement moyen/ha : 100 q). J’observe également la présence d’ambroisie, et même de lampourde sur une parcelle. » Des espèces invasives dont les premières apparitions remontent aujourd’hui à une dizaine d’années. « Au début, on ne s’est pas méfié, mais maintenant c’est devenu très difficile à contrôler. J’ai aussi acquis de nouvelles parcelles où le datura était déjà présent. On le dissémine d’un champ à l’autre principalement via la moissonneuse. De plus, le cueilleur à maïs piège beaucoup de graines. »
En cause, le changement climatique, l’évolution des pratiques culturales avec la simplification du travail du sol, des semis plus précoces qui, au final, exposent le maïs dès les plus jeunes stades à la pression des adventices. « La situation est préoccupante. Je vais devoir travailler avec des rotations visant à couper le cycle de ces plantes pour éviter qu’elles ne montent à graines, confirme Guillaume Chamouleau. Il suffit d’un pied, puis la zone de contamination s’étend petit à petit jusqu’à toucher toute la parcelle. »
Intervenir précocement
Adapter l’itinéraire technique de ces cultures permet sur le long terme de réduire la pression des adventices. En attendant, recourir aux produits phytosanitaires est nécessaire pour préserver le potentiel de rendement : dans le cas de cultures touchées par une population très diversifiée en termes d’espèces, il faudra adopter à la fois des herbicides couvrant un large spectre et ne pas hésiter à intervenir très précocement puis à surveiller les relevées. « Côté traitements, j’essaie d’être très vigilant. Je fais parfois un racinaire quand la météo s’y prête en post-levée. Parfois ce seul passage suffit, mais j’opte régulièrement pour un à deux rattrapages en foliaire, quand les petits maïs ont entre 6 et 10 feuilles. Ça marche bien sur datura quand il a de 2 à 4 feuilles. En fonction de la propreté du sol, il m’arrive même de faire un traitement glyphosate sur semis. Avec ce programme, je réussis à ne pas subir de concurrence mais la question du stock semencier continue toujours de poser problème. »
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