Parcours d’un maïs ensilage de qualité pour la production de lait

Eleveur laitier en Mayenne, Maxime Lebreton nous livre ses choix pour obtenir un maïs ensilage qualitatif destiné à ses vaches laitières malgré des étés secs.
Pouvez-vous nous présenter l’EARL Gouby ?
C’est une exploitation laitière, située au cœur de la Mayenne angevine dans le sud du département, qui s’étend sur 85 hectares de surface fourragère. L’atelier lait compte 80 vaches Prim’Holstein avec un objectif de production annuelle d’environ 750 000 litres de lait.
Nous avons des terres argilo-limoneuses profondes, mais le facteur limitant c’est l’eau. En 2022, les premières pluies estivales ont été observées après la mi-août ; elles ont été bénéfiques pour la levée du colza, mais elles sont arrivées trop tard pour le maïs qui était déjà à maturité à floraison.
Quelle est la place du maïs sur votre exploitation ?
Chaque année, je sème 40 hectares de maïs sur mon exploitation. Les trois quarts sont destinés à l’alimentation des vaches laitières et un quart à l’engraissement des taurillons. Dans la ration journalière des vaches laitières, j’incorpore notamment 13 à 15 kg de maïs ensilage, 3 à 3,5 kg d’ensilage d’herbe et 1 kg de maïs grain humide. Pour mes vaches laitières, je veux de l’amidon dans les maïs sans risquer l’acidose.
Quel type de variété de maïs ensilage recherchez-vous ?
Nous visons des maïs ensilage demi-précoces avec un profil équilibré, c’est-à-dire avec une bonne teneur en amidon associée à une bonne qualité de fibres comme la variété Powercell™ SY Amfora que nous cultivons pour la 3ème année consécutive.
Quels sont vos résultats sur la qualité de l’ensilage et sur la production laitière ?
En 2022, nous avons récolté (entre le 18 août et le 2 septembre) un maïs ensilage avec plus de 35 % d’amidon, 51 % de fibres digestibles (mesurées par le dNDF) et O,98 UFL Systali (1). Ces valeurs énergétiques sont très satisfaisantes et très proches de celles obtenues en 2021. Le rendement moyen a été estimé à 14 tonnes de matière sèche par hectare, inférieur à celui de 2021, mais dans la moyenne des années passées.
En revanche, la production laitière de 2023 a diminué de 7 kg de lait standard (30 kg de lait brut par vache et par jour) par rapport à 2022 alors que la valeur énergétique était semblable et que la complémentation à l’auge a peu varié.
Comment expliquez-vous le décrochage de la production laitière en 2023 ?
Les vaches laitières consomment 2 kg de MS de moins (13,4 kg MS) qu’en 2022. Cette baisse de consommation représente l’énergie nécessaire pour produire plus de 4 litres de lait. Il semblerait que cette ingestion moindre soit due à une coupe trop longue du maïs fourrage, supérieure à 20 mm. A l’automne dernier, je n’ai malheureusement pas pu surveiller la qualité du hachage du chantier assez régulièrement pour ajuster les réglages de l’ensileuse.
La baisse de la production laitière a visiblement également été accentuée par le remplacement de 2 anciens robots de traite (ayant plus de 20 ans) par un seul robot nouvelle génération qui s’est trouvé saturé. Résultat, le nombre de traites par vache et par jour est tombé à 2,1 et cela a contribué à une baisse de la production laitière de 5 % soit 2 kg de lait / vache/ jour.
Quels sont vos conseils pour produire du maïs ensilage en conditions limitantes ?
L’implantation du maïs est déterminante. Compte tenu des évolutions climatiques avec des étés de plus en plus secs, la préparation du sol doit permettre de valoriser les réserves hydriques du sol.
Sur mon exploitation, cela se traduit par huit passages d’outils avant d’entrer dans la parcelle avec le semoir. Cela commence début mars avec l’épandage de fumier puis les parcelles sont déchaumées avec un outil à disques de grand diamètre en un ou deux passages. Avant de semer, je passe un cultivateur, puis je roule la terre pour émietter les mottes et j’enchaine avec un passage de décompacteur. Enfin, je termine la préparation du lit de semence avec une herse rotative. En plus, pour le semis derrière le mélange de RGI et de trèfle violet, l’herbe est détruite avec une solution herbicide juste après l’ensilage.
Cette implantation soignée et le choix d’un maïs équilibré contribuent à une production de maïs ensilage suffisante et qualitative pour mes vaches laitières. Et, c’est avec cette recette de bon pilotage de la culture du maïs que bon nombre d’éleveurs témoignent de leur satisfaction pour la rentabilité de leur exploitation.
(1) Valeurs alimentaires d’un échantillon de la variété Powercell SY Amfora analysé en vert, à la récolte, par le laboratoire Germ Services.