Maïs : limiter le phénomène de résistance aux herbicides

Faire face au phénomène de résistance, combiné à la présence d’espèces adventices difficiles à détruire, relève du challenge.
Inquiétudes dans la plaine
Jean-Philippe Declercq, agriculteur en Seine-et-Marne (40 ha de maïs grain), rencontre des problèmes d’adventices résistantes sur ses parcelles les plus argileuses, qu’il laboure pourtant tous les quatre ans. « Le stock de graines est plus important, les rotations moins diversifiées. Même des doses importantes d’herbicides n’ont pas d’effet. » Un constat que l’exploitant craint de voir encore s’aggraver à l’avenir : « Avec l’interdiction d’un nombre grandissant de produits, ça pourrait aller très vite. Chez moi, ce sont les graminées les plus concernées. »
Raphaël Gaujard, maïsiculteur dans l’Eure-et-Loir affirme quant à lui avoir beaucoup de difficultés à détruire les renouées. « C’est simple : les programmes standards ne marchent pas. » Dans les Pyrénées-Atlantiques, Jean-Bernard Camet (80 ha de maïs grain en monoculture) a beaucoup de mal à détruire les sétaires et se trouve confronté à une infestation d’oxalis. « Je pense que les sétaires sont devenues résistantes. L’oxalis est également apparue il y a une dizaine d’années. J’ignore si elle a eu le temps de s’adapter aux nouvelles molécules, mais à l’heure actuelle, aucun produit ne fonctionne. »
Des leviers chimiques et agronomiques
Une situation à laquelle est confronté l’ensemble du secteur des grandes cultures. Constatés aux États-Unis vers 1970, les premiers phénomènes de résistances aux herbicides apparaissent en France quelques années plus tard sur une vingtaine d’espèces. Fin 2014, 240 espèces étaient classées résistantes à un ou plusieurs modes d’action herbicides dans 66 pays à travers le monde (source : Heap). En cause, des mutations génétiques naturelles mais aussi l’augmentation de la détoxication des herbicides (processus par lequel un organisme inactive les substances toxiques d’origine externe) chez la plante adventice.
Quelles stratégies adopter ? Du point de vue agronomique : rotations longues et diversifiées, faux-semis, bonne gestion de l’interculture pour diminuer le stock semencier, désherbage mécanique pourront par exemple être mis en place, et un labour tous les quatre ans pour enfouir les graines d’adventices. Côté phytopharmacie, la première règle à adopter est l’alternance des familles chimiques des herbicides utilisés dans la rotation. Il est recommandé aussi d’intervenir sur des stades jeunes des adventices et à la bonne dose, de même qu’associer plusieurs produits avec des modes d’action différents permettra de limiter l’apparition des résistances. Enfin, d’éviter l’utilisation répétée d’une même substance active ou d’un même groupe.
Jouer sur la diversité des modes d’action
L’alternance des modes d’action dans les cultures de la rotation est primordial. Certains herbicides peuvent paraître différents mais ils font appel aux mêmes modes d’action (groupe HRAC identique) et - exactement comme pour les antibiotiques - au bout d’un moment la flore devient résistante. Connaître la composition des herbicides au moment de préparer ses programmes constitue un des piliers d’un désherbage efficace et durable.
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