Le couvert végétal améliore la fertilité des sols labourés

La plateforme Vegesol montre l’intérêt d’un couvert végétal de qualité pour concilier labour et vie microbienne du sol.
Maximiser la présence d’un couvert sur une rotation longue
Depuis 2010, la plateforme Vegesol expérimente l’intérêt d’utiliser des couverts végétaux dans une rotation longue. Située sur la ferme de la Woestyne, à Renescure dans le département du Nord, le projet* expérimente six systèmes de cultures, sur sept hectares, avec une rotation sur huit ans de blé, haricots, pois, betterave et maïs. « Nous savons que le non-labour et les techniques culturales simplifiées ne s’appliquent pas facilement à toutes les situations, explique Christopher Sénéchal, responsable agriculture durable. Vegesol a pour objectif de révéler les bienfaits apportés par un couvert végétal maximisé, avec et sans labour. »
Maintien des rendements et meilleure valorisation des engrais
Nutrition azotée, vie du sol, battance… Tous les effets sont mesurés pour révéler l’intérêt économique d’un couvert soigné et diversifié, à base de phacélie, d’avoine, de féverole, de trèfle d’Alexandrie, etc. « Les résultats, qui ont déjà donné lieu à une dizaine de publications scientifiques, montrent tout d’abord le maintien des rendements, à l’échelle de la rotation. Le bénéfice économique vient une fois le système de culture stabilisé, après cinq ans environ : celui-ci assimile mieux l’eau et les nutriments, notamment l’azote », précise Christopher Sénéchal.
Le couvert tamponne de nombreux impacts du labour
La présence d’une couverture végétale hivernale améliore la fertilité des sols, même dans un système labouré. L’érosion et la battance sont réduites, l’activité biologique est plus abondante et plus diversifiée, les mycorhizes se développent davantage. « Le couvert compense en partie certains effets délétères du labour et de la nutrition azotée sur la vie du sol : il joue le rôle de tampon », résume Christopher Sénéchal. Ainsi, un sol couvert sur la période hivernale possède trois fois plus de vers de terre, même avec un labour annuel. Sur un plan climatique, la couverture du sol contrebalance le déstockage de carbone lié au labour, en stabilisant le bilan organique.
Un système plus résilient face aux aléas
La pratique répond aussi à l’enjeu d’une meilleure qualité de l’eau, en freinant le transport des nitrates et en augmentant le pouvoir de rétention des matières actives, issues des produits phytosanitaires. Le système devient plus résilient face aux aléas ou aux stress, comme la sécheresse et les carences nutritives.
La prochaine étape de l’expérimentation Vegesol vise à étudier la robustesse du système de cultures face aux maladies : est-ce qu’une plante sur un sol plus actif est moins sensible ? À minima, les cultures ne sont pas plus exposées. « Le suivi de l’évolution de la flore et des maladies ne montre, à ce jour, aucune impasse agronomique : les parcelles sont aussi bien gérées que les autres », conclut Christopher Sénéchal.
*Vegesol est le fruit d’un partenariat entre l’Université de Picardie Jules Verne, Bonduelle et Syngenta.