Maîtriser le black-rot avec moins de solutions fongicides
Alors que le black-rot s’étend, les vignerons doivent protéger leurs vignes avec moins de solutions fongicides. Un challenge compliqué.
Plus de black-rot dans les vignobles
Si le black-rot était historiquement une maladie inféodée aux vignobles de la façade atlantique, il progresse désormais dans de nombreuses régions viticoles. « La majorité des vignobles de Rhône Alpes est touchée par cette maladie qui s’étend depuis quelques années en Bourgogne mais aussi dans le Jura. Et, le black-rot est observé dès le début de la campagne » souligne Pascal Grosbon, Ingénieur Solutions Agroécologie dans la région. « La récurrence de printemps chauds et humides est favorable au développement du black-rot » remarque Gilles Robert, Ingénieur Solutions Agroécologie dans le sud-ouest. En 2023, à la faveur de conditions météo favorables, de nombreux foyers ont été observés dans les vignobles.
Pour rappel, le black-rot peut se développer dès la sortie des feuilles de la vigne, plus tôt que le mildiou. Il peut se manifester sur les bourgeons dès 9°C et les températures optimales à son développement se situent entre 25 et 27 °C. Contrairement au mildiou, le black rot n’a pas besoin de pluies importantes et préfère les longues périodes d’humectation. A noter que les pluies d’orage sont très favorables aux contaminations sur grappes.
Moins de solutions fongicides
« La problématique majeure à laquelle les vignerons sont déjà confrontés et le seront encore plus dans les années à venir est la restriction des solutions fongicides. Le mancozèbe, substance active qui permettait de contrôler le black-rot et le mildiou est désormais interdit, plusieurs triazoles ont été retirées du marché depuis 3 ans et les vignerons se préparent d’ores et déjà au retrait d’une autre matière active» observe Jean-Baptiste Drouillard, Expert Technique cultures spécialisées chez Syngenta.
Démarrer tôt la protection black-rot sur les parcelles à historique
Plus que jamais, avec ce nouveau contexte technique et réglementaire, « il faut éviter que le black-rot ne s’installe sur feuilles. Démarrer tôt la protection black-rot dès 2 feuilles, en particulier sur les parcelles à historique ou en viticulture biologique est nécessaire pour protéger la vigne, souvent avant l’intervention contre le mildiou » explique Gilles Robert. Pour commencer la protection, les vignerons peuvent s’appuyer sur des solutions fongicides à base de cuivre comme la spécialité CUPROCOL® Duo, en association avec du soufre à la dose de 6 à 8 kg/ha. « Pour protéger les vignes du black-rot en début de campagne, il faut des doses de cuivre métal de 400 g/ha minimum alors que les vignerons à cette période utilisent des doses plus faibles contre le mildiou » souligne Jean-Baptiste Drouillard.
Pas d’erreur possible autour de la floraison
L’encadrement de la floraison est une période très sensible pour la protection vis-à-vis du black-rot sachant que sur grappes, l’incubation de la maladie dure 18 à 20 jours, « quand on voit les premiers symptômes il est déjà trop tard » explique Gilles Robert. Il est donc recommandé d’utiliser des solutions avec une très bonne efficacité sur baies comme DYNALI® / ROCCA® (spécialités autorisées également sur oïdium) et SCORE®, fongicides à base de difénoconazole. « Sur cette période sensible, il est possible de réaliser deux applications de DYNALI® / ROCCA® » souligne Pascal Grosbon. A noter que le black-rot est une maladie à faible risque de résistance aux fongicides.
Une défaillance de protection de baies peut conduire à des pertes très importantes.
Le saviez-vous ?
Les baies atteintes de black-rot se dessèchent rapidement, elles restent sur la rafle et sur le cep de vigne, on les appelle « momies ». La vendange mécanique n’élimine pas ces momies, source d’inoculum pour l’année suivante si la prophylaxie n’est pas bien réalisée à la taille. C’est pourquoi, la vigilance est de rigueur sur les parcelles à historique.
Protéger jusqu’à la véraison
« S’il est souvent nécessaire de protéger la vigne du black-rot avant le risque mildiou, il est également nécessaire de maintenir la protection pendant la véraison en cas de présence sur grappes » observe Jean-Baptiste Drouillard.