La campagne de tous les dangers entre gel et mildiou
Le gel et le mildiou ont sévi dans les vignobles. Le choix des fongicides et les cadences de protection ont été déterminants.
Gel généralisé dans les régions viticoles
Nouveau coup dur pour la filière viticole, selon France Agrimer, la production française de vin devrait chuter de 24 % à 30 % en 2021 et se situer à un niveau « historiquement bas » en raison notamment de l'épisode sévère de gel printanier. La plupart des régions viticoles sont concernées, et la perte sur certaines parcelles peut largement dépasser 50 %, « certains vignerons de Muscadet ou de Touraine récolteront à peine 20 % d’une récolte normale » observe Marie-Noëlle Tanné, Ingénieur Solutions Agroécologie en Val de Loire. Les vignobles septentrionaux ont été particulièrement touchés (sauf l’Alsace) avec des températures négatives qui ont pu descendre jusqu’à - 7 à - 8 ° C ne laissant aucune chance aux dispositifs antigel mis en place par les vignerons. Dans le sud-ouest comme dans les vignobles méridionaux, la récolte sera également largement amputée par le gel de début avril avec des dégâts variables d’un secteur à l’autre, « on peut estimer l’impact du gel avec des pertes de 30 à 50 % de la récolte en moyenne, mais parfois beaucoup plus dans certaines exploitations » commente Jean Litoux, Ingénieur Solutions Agroécologie dans le sud-est. A ces périodes de gel qui ont touché beaucoup de vignerons, il faut ajouter des épisodes de grêle qui ont frappé certains vignobles de la Champagne ou du Var au cœur de l’été confirmant que 2021 restera une année particulièrement éprouvante sur le plan climatique.
Une pression mildiou hors norme
Si le temps froid qui a suivi l’épisode de gel a dans un premier temps laissé peu de place aux maladies et en particulier au mildiou, les épisodes de pluies très conséquents et ininterrompus à partir de début mai en Champagne, de mi-mai en Bourgogne, de mi-juin dans le sud-ouest ont conduit à une explosion généralisée du mildiou. « C’est une année exceptionnelle au niveau de la pression mildiou, du jamais vu en Champagne ! » souligne Bernard Noyé, Ingénieur Solutions Agroécologie dans la région, « dans les vignes les plus touchées, les dégâts peuvent être très importants avec des pertes de 100 % des grappes, liées aux nombreuses contaminations et expressions du mildiou, sous forme de rot gris et de rot brun. Les secteurs les plus touchés coïncident avec les cumuls d’eau les plus élevés, plus de 350 mm de début mai à fin juillet dans le vignoble de l’Aisne, la vallée de la Marne ou encore la vallée de l’Ardre » ajoute l’ingénieur. Au-delà des cumuls de pluie, c’est le nombre de jours sans pluie qui a été très problématique pour réaliser les interventions de protection comme en Bourgogne « où il pleuvait la plupart du temps un jour sur deux et au mieux un jour sur trois » commente Pascal Grosbon, Ingénieur Solutions Agroécologie en Bourgogne et Alsace. Pour illustrer cette situation hors norme, cet ingénieur nous confie qu’en Alsace du 19 juin au 18 juillet, il est tombé 145 mm sur 24 jours ! Dans le sud-ouest, l’arrivée du mildiou a été un peu plus tardive et a explosé à la faveur d’un arrosage quasi continu entre mi-juin et mi-juillet avec 150 à 200 mm de pluie selon les secteurs, « dans une période où la pousse de la vigne était très active » remarque Gilles Robert, Ingénieur Solutions Agroécologie dans le sud-ouest.
A surveiller : montée en puissance du black-rot
Autre sujet d’inquiétude dans les vignobles, la montée en puissance du black-rot, « à surveiller de très près avec les printemps humides récurrents » souligne Gilles Robert qui s’inquiète de la progression et de la virulence de la maladie pouvant engendrer de gros dégâts ». Pour juguler son développement, « il est très important d’appliquer des produits anti-oïdium avec une action black-rot sur la période de forte sensibilité de fin mai à mi- juillet » précise-t-il. Le black-rot a également refait surface dans certaines parcelles du Val de Loire et est toujours observé en Rhône-Alpes et Bourgogne.
Adapter les programmes, resserrer les cadences
Dans ce contexte de pression mildiou extrême, les vignerons ont dû resserrer les cadences de traitement, en particulier pour les produits de contact comme le cuivre qui étaient lessivé très rapidement, « pour les viticulteurs en bio c’était un véritable défi pour renouveler les traitements et rentrer dans les parcelles avec parfois jusqu’à 3 interventions par semaine » remarque Gilles Robert. La situation a été jugée tellement critique qu’au cœur de l’été, un arrêté ministériel publié le 8 août a autorisé les viticulteurs à déroger à la réglementation sur les traitements à base de cuivre pour lutter contre le mildiou avec une autorisation exceptionnelle d’une durée de 120 jours pour passer de 4 kg de cuivre par hectare à 5 kg par hectare sur cette année 2021.
En conventionnel, les solutions fongicides à action systémique et pénétrante, renouvelées à temps ont permis de contrôler la maladie. « Nos différentes solutions fongicides à base de mandipropamid (Ampexio®, Revoluxio®) ont été bien appréciées pour le maintien de l’efficacité des programmes » souligne Bernard Noyé, « et le biocontrôle Redeli® à base de disodium phosphonate a également été fortement utilisé pour les démarrages précoces de la protection » ajoute-t-il. Autre solution fongicide qui s’est distinguée dans les programmes, l’association d’oxathiapiproline (OXTP) + amisulbrom (qui sera commercialisée sous forme de pack par Syngenta (Pass Orondis®) en 2022) en cœur de protection. « Cette association a démontré dans nos essais une grande robustesse face au mildiou (feuilles et grappes) avec un haut niveau d’efficacité sur la période la plus sensible des grappes » observe Gilles Robert.
Enfin, remarque Pascal Grosbon, « les biocontrôles à base de COS-OGA, appliqués en début de programme, ont permis de renforcer les défenses de la plante et de mieux affronter les attaques de mildiou par la suite ».
Ravageurs : les cicadelles des grillures en recrudescence dans le sud-ouest
Une nouvelle fois, les vignerons du sud-ouest ont été confrontés à des attaques de cicadelles des grillures, « pour accompagner les producteurs dans la lutte contre ces ravageurs dévastateurs, nous avons testé des programmes qui impliquait le Karaté® Zéon début juillet pour diminuer les populations de larves suivies de 3 applications d’argile blanche à 10 kg/ha. Les résultats démontrent que cette stratégie s’avère intéressante » souligne Gilles Robert.
Côté vers de grappe, l’année a été calme dans les vignobles du sud-ouest, hormis quelques exceptions sur la G3 dans le vignoble de Buzet et dans le sud-est où la G3 a été soutenue et où le développement de Cryptoblabes gnidiella est toujours à surveiller sur les zones littorales.
Oïdium, toujours plus présent à l’est
Toujours bien présent dans les vignobles méridionaux notamment sur Chardonnay, Carignan et Muscat, l’oïdium continue à progresser dans les vignobles septentrionaux notamment en Bourgogne mais aussi en Champagne où selon Bernard Noyé, « la pression oïdium 2021 se classe parmi les plus fortes du vignoble champenois ». Les premiers résultats d’essais en grandes parcelles avec le biocontrôle Taegro (Bacillus amyloliquefaciens) pour maîtriser cette maladie sont très encourageants, avec par exemple, sur un site en Champagne, une baisse de 50 % de la fréquence sur feuilles et de 80 % de l’intensité sur grappes à fin juillet. D’autres résultats seront disponibles dans les semaines à venir sur l’intérêt de Taegro pour maîtriser l’oïdium mais aussi le botrytis, des données qui seront très précieuses alors que les récoltes un peu plus tardives cette année, font craindre le développement du botrytis si les conditions climatiques de pré-vendange se dégradaient.
En savoir plus sur les solutions Syngenta :
- Ampexio
- Karate Zeon
- Redeli
- Revoluxio
- Taegro