Colza, une culture à potentiel et des défis à relever

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Colza, une culture à potentiel et des défis à relever

La sole de colza a augmenté pour la récolte 2022, signe d'une filière relevant les défis dans un contexte globalement prometteur.

Les multiples atouts du colza

Le colza est une culture aux débouchés multiples, de la production d'huile alimentaire au biodiesel, en passant par la production de tourteaux destinés aux élevages. C'est aussi une plante dont la floraison massive fournit aux pollinisateurs, sauvages ou domestiques, du nectar et du pollen en abondance au printemps. Ces propriétés en font une culture d'intérêt, tête d'assolement dans de nombreuses régions, et en phase avec certains grands enjeux agricoles actuels.

Des surfaces en hausse depuis l’automne 2021

La filière se montre déterminée à relever les défis, réels, autour de cette culture, et affiche sa volonté de s'inscrire dans un contexte porteur. Agreste précise ainsi, dans une note datée du 20 mai, que les surfaces de colza s'établissent à 1,16 millions d’hectares, soit un gain de 18,4 % entre 2021 et 2022. En 2022, le rendement moyen national avoisine les 32 quintaux par hectare. La France est le premier pays producteur de colza en Europe.

En phase avec les plans protéines et pollinisateurs

La sauvegarde des pollinisateurs passe notamment par la préservation d'une réserve alimentaire importante, comme le souligne le Plan pollinisateurs lancé par le Gouvernement en 2021. Dans un autre registre, les pouvoirs publics souhaitent orienter leurs politiques vers la souveraineté alimentaire. Or, l'un des points de progrès les plus clairs concerne la protéine végétale, pour laquelle l'Europe est structurellement dépendante, notamment du soja sud-américain. La France a également lancé un Plan protéines végétales, fin 2020, pour inverser la tendance. Des financements ont été débloqués dans ce cadre, via le plan de relance. Des filières de « protéines made in France » voient le jour dans les bassins de production, autour d'usines de trituration approvisionnées localement. Dans ce contexte, la culture du colza répond à de nombreuses attentes.

Le climat challenge l'implantation

Si la conjoncture semble idéale, la filière colza doit malgré tout faire face à des défis. Techniquement, les conditions d'implantation, depuis quelques années, ne sont pas optimales. Or, le succès de cette culture se joue en grande partie en tout début de cycle : « La levée doit être rapide pour que la plante atteigne le stade quatre feuilles, et soit ainsi assez robuste pour faire face aux stress, au plus vite », explique Mathieu Dulot, ingénieur Terres Inovia dans la région Grand-Est.

Peu de marge de manœuvre face aux ravageurs

Le climat n'est pas le seul challenge. La protection contre les ravageurs prend aussi des allures de casse-têtes. Le phosmet, matière active insecticide, ne pourra plus être utilisé à partir du 1er novembre 2022. Face aux grosses altises, c'était la dernière solution offrant une alternance à la famille des pyréthrinoïdes, qui connaît des problèmes de résistance dans certaines zones. Selon le niveau de ces résistances, certains bassins risquaient de se retrouver sans solution efficace.
D'où la démarche de la filière de demander une dérogation auprès des autorités compétentes pour l’utilisation de spécialité à base de cyantraliniprole développée par Syngenta. Ce n'est pas un détail, selon Étienne Mignot, expert innovations agronomiques pour le groupe coopératif Vivescia. « Sans cette alternative, dans les zones où les ravageurs s'avèrent résistants aux pyréthrinoïdes, la fin du phosmet pourrait inciter les agriculteurs à limiter, voire renoncer à leurs surfaces en colza. »

Pour aller plus loin :
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