Vigilance sur les cicadelles des céréales

Céréales
Parcelle avec maladie des pieds chétifs

Syndrome des pieds chétifs à Aumagne (17) au printemps 2019.

En progression dans tous les bassins céréaliers notamment au Nord de la France, les cicadelles des céréales sont à surveiller de près. 

Forte progression des cicadelles dans les céréales depuis 3 ans

Historiquement présente en région Centre, la cicadelle des céréales Psammotettix alienus, vectrice du virus WDV responsable de la maladie des pieds chétifs, est de plus en plus observée dans les grands bassins céréaliers.

« D’après les piégeages à l’automne 2018 de notre réseau de surveillance des ravageurs d’automne Vigie Virose, on observe en effet un piégeage de cicadelles en augmentation avec 48 % des pièges avec cicadelles en 2018 contre 24 % en 2016 » remarque Aurélie Bogers, expert technique insecticides chez Syngenta. Sur les pièges avec cicadelles, 40 % d’entre eux comportent des cicadelles qui transmettent le virus du WDV. Ce suivi de veille parasitaire Vigie Virose montre par ailleurs que la présence des cicadelles a fortement progressé dans plusieurs régions ces 3 dernières années, comme par exemple en Hauts de France et Normandie. 

Présence de cicadelles virulifères dans l’Oise

Pauline Lebecque

Cette progression des cicadelles dans les parcelles de céréales du nord de la France a également été observée dans l’Oise dans le cadre d’un suivi arthropode réalisé par la Fredon Picardie avec les chambres d’agriculture des Hauts de France. « Sur 541 arthropodes capturés par aspiration le 6 novembre 2018 sur une parcelle de céréales, 213 pucerons et 139 cicadelles dont 96 % appartenant au genre Psammotettix ont été capturés » précise Pauline Lebecque, chargée d’études et entomologiste à la FREDON Picardie. « Les résultats des analyses virologiques ont montré que si les virus de la jaunisse nanisante de l’orge (BYDV) étaient assez peu présents, en revanche celui des pieds chétifs (WDV) a été largement identifié et semble directement corrélé avec la présence des insectes vecteurs » ajoute-t-elle. 

Pour Pauline Lebecque, les cicadelles des céréales sont présentes toute l’année. 

Cicadelles, une forte nuisibilité sur le rendement des céréales

La cicadelle des céréales Psammotettix alienus est un ravageur redoutable car elle transmet le virus de la maladie des pieds chétifs en piquant les plantes. Si la présence des cicadelles est souvent moins marquée que celle des pucerons, leur nuisibilité peut être bien plus importante.
En effet, la maladie des pieds chétifs est très préjudiciable à la culture et peut occasionner des pertes de rendement jusqu’à 70 %. Les symptômes les plus visibles se traduisent par une disparition des pieds groupés par foyer ou le long de la ligne de semis. En cas d’attaques tardives, la maladie des pieds chétifs peut conduire à la stérilité de l’épi. 
Le seuil de nuisibilité est fixé à 30 captures hebdomadaires. Et aucun moyen de lutte n’est disponible lorsque les céréales sont infectées. Il s’agit donc de lutter contre les vecteurs de cette maladie : les cicadelles des céréales.


Mode de vie
Cicadelles, des ravageurs très réactifs présents toute l’année

Psammotettix alienus de taille adulte

La cicadelle des céréales est un insecte piqueur qui se déplace de manière très réactive par sauts et petits vols, ce qui rend difficile leur observation et les piégeages. Des outils adaptés type plaques engluées (comme Vigie Virose) ou aspirateur sont recommandés pour les capturer. « Compte tenu des difficultés d’observation des cicadelles dans les parcelles de céréales, il est probable que la présence de la maladie des pieds chétifs soit sous-estimée d’autant que cette maladie est souvent confondue avec la Jaunisse Nanisante de l’Orge (JN0) » remarque Pauline Lebecque.

Psammotettix alienus, la cicadelle des céréales. Photo Fredon Picardie

Comme pour les pucerons, les conditions favorables au développement des cicadelles sont des températures douces supérieures à 12 °C d’où la vigilance lors d’hivers doux. « Les cicadelles sont présentes toute l’année, précise l’entomologiste et le froid ne freine pas leur reproduction. »


Veille
Vigie Virose surveille les ravageurs aériens d’automne

Vigie Virose est un service de veille parasitaire créé par Syngenta il y a plus de 10 ans. Ce service permet de mettre en alerte les agriculteurs sur la problématique des ravageurs aériens à l’automne et de les aider à prendre la décision de traiter ou non en fonction du risque observé dans sa parcelle. Vigie Virose repose sur l’analyse de plaques engluées (pièges) qui permettent la capture, l’identification et la quantification des insectes mobiles sur les parcelles de céréales mais aussi de colza. Il permet également l’analyse du pouvoir virulifère des insectes piégés et donc du risque encouru. Sur céréales, les virus recherchés sont ceux de la JNO transmis par les pucerons et celui des pieds chétifs transmis par la cicadelle des céréales. C’est un service actif pendant 5 mois de septembre à décembre avec plus de 8 500 pièges répartis dans toute la France. Vigie Virose est un service premium exclusif réservé à nos partenaires distributeurs.


Surveiller les céréales à l’automne, intervenir si nécessaire

Face au développement des cicadelles, il sera très important de surveiller les céréales à l’automne 2019 surtout si les températures automnales sont supérieures à 10-12 °C. « Le risque de voir les cicadelles se développer est important car les automnes sont plus doux plus longtemps » observe Pauline Lebecque, « et en parallèle de cette progression, l’inoculum viral est également plus présent, d’où un risque de transmission accru » précise-t-elle.
Si les méthodes de piégeage et d’aspiration semblent les plus appropriées pour capturer les cicadelles qui sont très furtives et réactives, il est également possible de réaliser des observations directes aux heures les plus chaudes de la journée (où les cicadelles sont les plus mobiles). Au-delà de 30 captures hebdomadaires, un traitement doit être envisagé. 
Plusieurs solutions insecticides foliaires sont homologuées contre les pucerons et les cicadelles, mais Aurélie Bogers attire l’attention des agriculteurs « certains insecticides ne sont autorisés que contre les pucerons. Il faut bien s’assurer que l’insecticide utilisé soit homologué et efficace contre pucerons et cicadelles, comme Karaté® Zéon ». 

Les céréaliers doivent être également vigilants sur les variétés de céréales tolérantes à la JNO car cette tolérance ne protège pas la plante de la maladie des pieds chétifs. Une maîtrise des cicadelles s’impose alors si leur présence est avérée.
Avec leur recrudescence dans les parcelles de céréales, les cicadelles ne peuvent plus être considérées comme des ravageurs secondaires et méritent à ce titre toute l’attention des céréaliers.