Résistance aux fongicides céréales, la situation en 2021

Les résultats du monitoring Syngenta sur la résistance aux fongicides céréales montrent la nécessité de préserver les familles chimiques.
Résistances de la septoriose du blé aux triazoles à un niveau toujours élevé
Le monitoring Syngenta qui analyse chaque année plus de 200 échantillons sur toute l’Europe, confirme année après année que les souches les moins sensibles aux fongicides triazoles sont toujours à un niveau très élevé alors que les souches les plus sensibles ont désormais disparu. « D’ici 2 ou 3 campagnes, il n’y aura plus que des souches moyennement à fortement résistantes aux triazoles » observe Fabrice Blanc, expert technique national fongicides céréales chez Syngenta. « Cette situation ne signifie pas qu’il faut proscrire les triazoles des programmes fongicides mais qu’en revanche, il est impératif de limiter le nombre de triazoles dans les programmes, de les alterner et de les associer » ajoute-t-il. Le monitoring Syngenta montre par ailleurs que, selon les triazoles, le niveau de résistance est plus ou moins élevé.
Pour la campagne 2022, Syngenta propose aux céréaliers les spécialités Amistar® et Elatus® Plus en association avec Ninevi®, fongicide à base de bromuconazole, triazole peu utilisée jusqu’ici dans les programmes.
SDHI, des résistances à surveiller
Pour les fongicides céréales de la famille des carboxamides, le monitoring Syngenta observe une certaine stabilité des souches de septoriose résistantes aux fongicides de cette famille, « avec un niveau de résistance qui ne remet pas en cause leur efficacité sur la septoriose des blés et qui justifie la recommandation de n’appliquer qu’un seul fongicide de la famille des SDHI par hectare et par an » précise Fabrice Blanc.
Vis-à-vis de l’helminthosporiose de l’orge, la situation reste en revanche plus préoccupante avec un niveau élevé de souches résistantes, de l’ordre de 60 %, « mais avec une fréquence qui semble diminuer depuis 3 ans » ajoute l’expert. Associés à un autre fongicide, les SDHI conservent malgré tout un intérêt dans la gestion de l’helminthosporiose mais aussi des autres maladies.
Enfin, quelques souches de rouille naine moins sensibles aux SDHI avaient été détectées en 2019 dans le monitoring Syngenta mais non caractérisées, « en 2021, ces souches ont été caractérisées mais leur fréquence reste faible et elles n’ont été observées que dans la région des Hauts de France » explique Fabrice Blanc. A surveiller et prendre en compte pour les années à venir.
Les souches d’helminthosporiose résistantes aux strobilurines de nouveau en progression
Les souches d’helminthosporiose résistantes aux strobilurines continuent de progresser depuis 3 ans et dépassent désormais 60 % des souches testées. « L’évolution de la résistance a été importante depuis 3 campagnes en raison d’une forte proportion d’emblavements de variétés d’orges très sensibles à l’helminthosporiose, mais qui depuis régressent fortement » explique Fabrice Blanc. En conséquence, l’utilisation des strobilurines doit être réservée aux seules situations à risque helminthosporiose élevé (variété et conditions pédoclimatiques favorables).
A suivre
- La présence de souches de ramulariose résistantes aux SDHI a été confirmée en France avec des fréquences variables selon les régions et des niveaux qui permettent aux fongicides les plus efficaces de maîtriser cette maladie. En Europe de l’Ouest et, en particulier en Allemagne, l’efficacité des fongicides de la famille des SDHI, des QoI et des triazoles vis-à-vis de la ramulariose est fortement altérée.
Bon à savoir
- Il n’a pas été décelé de résistance concernant les rouilles sur blé que ce soit pour les SDHI, les strobilurines ou les triazoles.
- Aucune évolution des souches d’helminthosporiose ou de rhynchosporiose résistantes au cyprodinil (famille des anilinopyrimidines) ou à la fenpropidine (famille des pipéridines) n’est à signaler. Leurs modes d’action sont des atouts pour le T1 des orges.