Comment ne pas se laisser dépasser par la rouille jaune ?

La rouille jaune du blé est une maladie qui concerne désormais tous les bassins céréaliers. Les clefs pour reconnaître et gérer cette maladie explosive et très préjudiciable.
De la rouille jaune désormais dans tous les bassins céréaliers
« La rouille jaune est une maladie historique des régions céréalières atlantiques de la moitié Nord, Bretagne, Normandie et Hauts de France notamment » souligne Fabrice Blanc, expert technique national fongicides grandes cultures « mais la nouveauté depuis plusieurs campagnes est son développement avec une forte augmentation des observations de symptômes de rouille jaune dans les régions céréalières du sud-ouest, des Pays de Loire ainsi que du Centre et en moindre mesure de l’Est de la France » ajoute-t-il.
Certains céréaliers se sont ainsi fait surprendre et dépasser en 2022, campagne où la rouille jaune était l’invité surprise et précoce dans de nombreuses parcelles.
« Avec une nuisibilité qui peut dépasser 30 q/ha sur variétés sensibles, la rouille jaune est, devant la septoriose, la maladie du feuillage la plus nuisible sur blé » rappelle Arvalis.
Observer les parcelles en sortie hiver dès le stade épi 1cm

Pour ne pas se laisser dépasser, « la 1ère règle » observe Fabrice Blanc, « c’est la surveillance et l’observation des parcelles dès le stade épi 1 cm afin de gérer la rouille jaune le plus tôt possible ».
La rouille jaune peut en effet se développer et doit être stoppée dès ce stade si nécessaire. Au champ, la maladie s’observe d’abord sous forme de symptômes isolés, puis par taches de 1 à 2 m² et peut ensuite s’étendre à toute la parcelle. Sur la feuille, elle s’exprime sous forme de stries jaune-orangées et de pustules alignées entre les nervures. Ces pustules font penser à des taches de rouille d’où son nom. Les symptômes, notamment en présence de résistance partielles, peuvent être moins caractéristiques et peuvent alors s’exprimer sous forme de chloroses et/ou de nécroses.
« En complément des observations dans les parcelles, les céréaliers peuvent s’appuyer sur les BSV et les OAD comme AVIZIO™ qui, en 2022, avait bien anticipé le risque rouille jaune » souligne Fabrice Blanc.
Appliquer un fongicide en présence de foyers et/ou de pustules actives
En présence de foyers et/ou de pustules actives, une application fongicide entre le stade épi 1 cm et 1 nœud est nécessaire pour juguler la maladie. Pour ce T1, Syngenta propose des solutions fongicides de la famille des triazoles en association ou non avec des strobilurines. Si la pression persiste (pustules toujours actives), il faut alors envisager un T2 dans un délai de 3 semaines maximum après le T1. Dans la gamme Syngenta, la spécialité ELATUS® Era présente l’avantage d’être efficace à la fois sur septoriose et sur rouilles (rouille jaune et rouille brune des blés).
« L’absence de T1 ou un délai supérieur de 3 semaines entre le T1 et le T2 rend difficile le contrôle de la rouille jaune qui peut poursuivre son développement parfois très rapidement. Le besoin en curativité est alors supérieur et nécessite une augmentation des doses au T2 » observe Fabrice Blanc.
La génétique, un atout qui ne dispense pas de la surveillance
Les variétés résistantes à la rouille jaune, dont la note de sensibilité est de 7 ou 8, sont nombreuses et permettent en théorie de s’affranchir du risque rouille jaune. Mais, les populations de rouille jaune sont en constante évolution et s’adaptent en permanence au paysage variétal. Certaines variétés tolérantes à la rouille jaune deviennent ainsi sensibles. La vigilance et la surveillance s’imposent sur toutes les variétés !
Bénéfice du T1 en présence de rouille jaune
Sur 8 essais conduits par Syngenta entre 2015 et 2021, l’impasse du T1 sur des attaques précoces et fortes de rouille jaune, a fait perdre en moyenne 7,2 q/ha soit 187,2 euros/ha (sur la base d’un prix du blé à 26 euros/q). Cette impasse réduit également l’efficacité des solutions fongicides appliquées au T2 de près de 25%.
« Ces résultats d’essais confirment que la rouille jaune doit être détectée à temps pour intervenir le plus tôt possible pour limiter l’impact sur le rendement et préserver le revenu des céréaliers » commente Fabrice Blanc.
Faut-il craindre la rouille jaune en 2023 ?
L’importance de l’épidémie de 2022 a permis le développement d’un inoculum primaire conséquent, même si la sécheresse a probablement limité les repousses et la survie de la rouille jaune. Cependant les douceurs de l’automne sont favorables à la maladie.
Les températures, l’humidité et le vent jouent un rôle important dans le développement de la maladie, raison pour laquelle elle est historiquement plus présente dans l’Ouest. Le climat de l’hiver et du début du printemps sera la clé du développement épidémique de la maladie. Mais, le froid ne règle pas le souci : plusieurs études internationales ont montré que la rouille jaune pouvait survivre de manière asymptomatique dans les feuilles de blé jusqu’à – 7 °C, voire – 10 °C ou tant que la feuille est vivante. Source Arvalis.