2020, une année à haut risque piétin verse des blés

Les clignotants sont au rouge pour le piétin verse des blés selon les situations. Soyez vigilants !
Un automne pluvieux et un hiver doux très favorable au piétin verse
Le début de la campagne 2020 pourrait bien être marqué par le retour du piétin verse, une maladie un peu oubliée des céréaliers ces dernières années et pourtant potentiellement très préjudiciable pour la qualité de la récolte (en raison de la verse) et pour le rendement.
En effet, les conditions climatiques de l’automne dernier et du début de l’hiver en cours ont été très favorables au développement de cette maladie. « Les céréales qui ont pu être semées relativement tôt, avant la mi-octobre, ont été particulièrement exposées à des conditions humides (avec un excédent pluviométrique de 40 à 50 mm en moyenne sur les mois d’octobre, novembre et décembre) puis des températures très douces à partir de décembre (+ 1,5 à + 3 °C par rapport à normale) » observe Fabrice Blanc, expert technique national fongicides céréales chez Syngenta.
Focus maladie
Tout savoir sur le piétin verse
- Biologie et symptômes : les premières contaminations ont lieu dès l’automne à la faveur de conditions climatiques favorables (température entre 4 et 13 °C et humidité relative >85 %) jusqu’à l’apparition sur les gaines des premiers symptômes (tâches allongées, brunes, en périphéries et à contour diffus). Les cycles successifs permettent au piétin verse de se développer dans l’espace et de progresser de gaine en gaine jusqu’à atteindre la tige. C’est à partir de là que la nuisibilité directe va avoir lieu par un endommagement du système vasculaire qui provoquera un échaudage de l’ensemble de l’épi (à ne pas confondre avec du piétin échaudage dû à une dégénérescence racinaire provoquée par un autre pathogène)
- Nuisibilité : comme son nom l’indique, le piétin verse peut provoquer de la verse parasitaire (effet indirect) et rendre la récolte difficile et de faible qualité. La nuisibilité directe se traduit par des pertes de rendement de 3 à 20 q/ha (source Arvalis).
Risque piétin verse élevé en sortie d’hiver selon le modèle TOP
« Le modèle de prévision TOP (SRPV), qui permet d’avoir un indice de risque piétin verse au niveau régional sur blé tendre en sortie d’hiver, confirme pour les semis précoces ce risque climatique élevé dans la plupart des régions céréalières avec un indice 50 souvent dépassé » remarque Fabrice Blanc. Ce niveau de risque se situe ainsi dans les niveaux de ce qui avait été observé en 2001, année record pour les attaques de piétin verse.
Ainsi, pour un semis du 5 octobre dans la région de Tours, les informations fournies par le modèle Top montrent que le risque piétin verse n’a cessé de progresser depuis le début de l’hiver pour dépasser dès la mi-février l’indice 50.
De plus en plus de blés semés sensibles au piétin verse
« Parallèlement, souligne l’expert, si on pondère les hectares de multiplication de blé semés par la note de sensibilité au piétin verse, on constate que la sole de blé française se situe dans la catégorie sensible au piétin verse pour environ 71 % des blés semés ».
Toutes les variétés de blé ne sont en effet pas égales devant la sensibilité au piétin verse : certaines possèdent le gène PCH1 qui leur confère une résistance à cette maladie.
Chaque année, les variétés sont classées par le GEVES : celles qui ont une note >5 sont considérées comme peu sensibles à résistantes et ne nécessitent pas en conséquence de protection spécifique.
Pour celles qui ont une note GEVES < 5, une évaluation agronomique du risque est nécessaire. Elle peut être intégrée dans les outils d’aide à la décision disponibles qui permettront d’apprécier plus précisément le risque en prenant en compte les données variétales, les données agronomiques et les données issues de la modélisation en sortie d’hiver.
Bon à savoir
Les facteurs agronomiques favorables à l’expression du piétin verse
- Les rotations courtes à base de céréales, en particulier les blés sur blés
- Les fortes densités de semis
- Le type de sol : les soles sableux, limoneux et les sols de craie sont favorables
- Les apports précoces d’azote avec de fortes doses
- Le labour car il permet la remontée de l’inoculum
Utiliser les OAD pour évaluer le risque piétin verse
La lutte conte le piétin verse se raisonne donc de manière globale en tenant compte des facteurs agronomiques et climatiques. Pour la campagne en cours, dans la mesure où les indicateurs climatiques (modèle TOP) sont déjà au plus haut niveau de risque, il conviendra d’être particulièrement vigilant.
Pour apprécier le risque piétin verse, plusieurs outils d’aide à la décision sont à la disposition des agriculteurs, en particulier le tout nouvel OAD Avizio™ en pilote, ainsi que la grille nationale d’évaluation du risque piétin verse Arvalis.

L’évaluation du risque par les OAD doit être complétée par un diagnostic à la parcelle à partir du stade épi 1cm en prenant en compte les seuils d’intervention suivants pour décider de l’intervention fongicide :
- moins de 10 % de tiges atteintes : aucune intervention fongicide
- entre 10 et 35 % de tiges atteintes : la décision est incertaine, évaluer le risque agronomique et tenir compte des conditions spécifiques de l’année
- plus de 35 % de tiges atteintes : intervenir avec un fongicide efficace entre les stades épi 1 cm et 2 nœuds.
Stratégie de lutte
Contrôler le piétin verse avec le cyprodinil
Le cyprodinil (Unix® Max et Kayak®) agit sur la pénétration et la croissance du champignon. Il limite ainsi le développement du piétin-verse et ralentit sa progression vers la tige, cause principale de la nuisibilité. Son activité sur les deux types de souches (O. yallundae et 0. acuformis) permet une bonne régularité de l’efficacité.
Unix Max est recommandé à la dose de 1,5 à 2 l/ha du stade épi 1 cm au stade 2 nœuds. Il peut également être utilisé en association avec un partenaire efficace contre le piétin verse à la dose de 1 à 1,5 l/ha.