Gérer le risque maladies malgré le gel et la sécheresse

Dans les bassins céréaliers, les agriculteurs restent vigilants pour limiter le développement des maladies des céréales.
Une campagne atypique marquée par le gel et la sécheresse

Les épisodes de gel du mois d’avril ont inquiété les agriculteurs et impacté parfois les cultures. « Avec des températures qui sont descendues plusieurs nuits à -5, -6 degrés début avril alors que les jours précédents il faisait 25 °C, on est passé près de la catastrophe » observe Raphaël Gaujard, céréalier en Eure et Loir, « je pensais que les maîtres brins de mes blés durs étaient fichus, finalement les dernières observations sont rassurantes ». Guillaume Perdereau, céréalier dans le Loiret, a pu observer « des taches physiologiques liées au gel avec des jaunissements ». Si les céréales ont été malgré tout relativement épargnées à la différence d’autres cultures comme les betteraves, dans les bassins céréaliers, les stades ont été ralentis et « les blés sont plus courts » comme le signale Thomas Bonnet, agriculteur céréalier dans le bassin du Lauragais. Plus au nord, les stades étaient moins avancés, « le gel a eu peu d’impact sur mes blés », remarque Fabien Dutot, agriculteur céréalier en Seine Maritime.
En Eure et Loir, chez Guillaume Perdereau, les températures sont descendues à -5 / -6°C début avril.
Mais, début mai, ce qui inquiétait le plus les agriculteurs, c’était le manque d’eau qui se faisait cruellement sentir dans de nombreuses régions. En Eure et Loir, Raphaël Gaujard avait commencé à irriguer ses blés durs dès mi-avril.
Un potentiel à préserver

Dans ce contexte particulier et à priori peu favorable au développement des maladies, les agriculteurs restent malgré tout très vigilants vis-à-vis du risque maladies. « Les céréales ont été bien implantées et le potentiel est là, il faut le préserver » remarque Fabien Dutot. « Nous avons observé début avril des foyers de rouille jaune sur blé dur et sur blé tendre » remarque Thomas Bonnet, « ce qui nous a conduit à réaliser une première intervention qui a permis par ailleurs de limiter le risque septoriose ». Le T2, pilier de la protection était en cours début mai sur cette exploitation du Lauragais. Dans le Loiret, c’est le développement de la septoriose sur des variétés sensibles qui a conduit Guillaume Perdereau à réaliser un T1 sur un tiers de ses surfaces mi-avril, « ce n’est pas une intervention systématique, tout dépend de mes observations et du risque variétal ». De son côté, Fabien Dutot avec un potentiel de rendement élevé, a choisi de protéger ses blés dès le stade épi 1 cm.
Chez Thomas Bonnet, dans le Lauraguais, le T1 a permis de maîtriser des foyers de rouille jaune et de limiter le risque septoriose.
Observation et vigilance septoriose et rouille jaune
Pour les semaines à venir, ces agriculteurs seront très vigilants et particulièrement attentifs aux pluies potentielles qui pourraient faire progresser la septoriose avec un inoculum bien présent dans de nombreuses parcelles. La rouille jaune est également toujours active et nécessite la plus grande attention d’autant plus que cette maladie affecte de plus en plus de variétés tolérantes.
Orge : rhynchosporiose et helminthosporiose sous surveillance
A l’instar des blés, « les orges d’hiver sont également très saines » observe Thomas Bonnet, agriculteur dans le Lauragais. Un peu de rhynchosporiose et d’helminthosporiose étaient observées fin avril chez Guillaume Perdereau dans le Loiret où le T2 qui s’annonçait devait limiter ces risques. Plus au nord, en Seine Maritime, ces deux maladies étaient bien installées chez Fabien Dutot et avaient justifié une 1ère intervention fongicide.
Ces témoignages d’agriculteurs au cœur de la campagne, démontrent plus que jamais que, pour les orges comme pour les blés, c’est l’observation qui guide le raisonnement de la protection fongicide des agriculteurs.
Thomas Bonnet (11) et Guillaume Perdereau (45) font partie du réseau d’expérimentation Visio-Ferme qui rassemble des agriculteurs volontaires et motivés par l’innovation pour tester en grandes parcelles de nouvelles solutions techniques.
Fabien Dutot (76) et Raphaël Gaujard (28) font partie du réseau Plainécoute qui regroupe des ambassadeurs de leur métier et des bonnes pratiques agricoles.