Blés, alerte rouille jaune du nord au sud

La rouille jaune présente sur blés dans tous les bassins céréaliers va conditionner les T1 au nord voire les T2 plus au sud.
Progression de la rouille jaune y compris sur certaines variétés tolérantes
Avec le réchauffement progressif des températures, le risque climatique rouille jaune progresse dans tous les bassins céréaliers. « De plus en plus de foyers sont signalés dans les zones les plus océaniques du nord de la France comme le Nord Pas de Calais et la Normandie » observe Bertrand Moncomble, Responsable Agroécologie Régional chez Syngenta dans la zone nord. La situation est d’autant plus inquiétante que la plupart des modèles de prévision (basés sur des notes de sensibilité variétales) ont du mal à prévoir cette maladie désormais observée également sur des variétés notées tolérantes. Le contournement des tolérances variétales à la rouille jaune, semble ainsi se confirmer y compris dans les régions céréalières situées plus au sud. « Nous avons eu des alertes rouille jaune dès le 15 mars sur des variétés sensibles et depuis une dizaine de jours, la rouille jaune est observée sur des variétés peu sensibles et sur blé dur, une situation très préoccupante car c’est une maladie à caractère explosif » remarque Benoît Thibaud, Responsable Agroécologie Régional chez Syngenta dans les régions céréalières du sud de la France. Au 13/04/2021, selon le BSV Bretagne, 20 % des parcelles seraient d’ores et déjà touchées par cette maladie.
C’est l’heure du T1 voire du T2 sur les blés
Dans ce contexte de risque rouille jaune en forte progression, les premières interventions fongicides sont à envisager pour protéger les blés de cette maladie mais également de la septoriose, maladie majeure des blés qui poursuit son développement à la faveur de conditions climatiques plus favorables. « Des symptômes de septoriose sont observés sur 60 à 85 % des parcelles avec une présence essentiellement sur les F3, parfois sur les F2 » observe Bertrand Moncomble. Dans les zones céréalières de l’est de la France, « le pied de cuve septoriose est bien présent sur feuilles basses » remarque Luc Flamant, Responsable Agroécologie Régional chez Syngenta dans cette région. La septoriose est donc latente et « ne demande qu’à évoluer à la faveur d’un épisode pluvieux, voire d’arrosage des blés dans le sud », observe Benoit Thibaud.
Le T1 (pour les régions plus au nord dont les blés se situent au stade 2 nœuds) et parfois le T2 (pour les régions plus au sud où les blés sont dans certaines situations proche du stade DFE) vont donc permettre de maîtriser la rouille jaune et de limiter le développement de la septoriose.
Pour réaliser le T1, le stade repère est le stade 2 nœuds. Afin de limiter le développement des résistances, un fongicide multisite du type soufre ou folpel peut être associé aux matières actives efficaces sur rouille jaune et septoriose.
Pour les blés qui atteignent le stade DFE, le traitement pivot (T2) pourra être envisagé avec une solution fongicide à large spectre et persistante du type Elatus®Era afin de protéger les blés de la rouille jaune, de la septoriose mais aussi de la rouille brune, « maladie qui pourrait, selon l’OAD Avizio™ être observée à partir de mi-mai en ayant conjointement des conditions humides et des températures clémentes » observe Benoit Thibaud. Un fongicide multisite pourra être associé au T2 s’il n’a pas été positionné au T1 en cas de risque septoriose.
Pour les situations avec des stades intermédiaires (dépassement du stade 2 nœuds mais pas au stade DFE), un T1 « glissant » peut être envisagé avec un fongicide de la famille des triazoles, « pour protéger les blés du risque rouille jaune et positionner le T2, traitement pivot, dans les meilleures conditions » explique Fabien Massot.
Bon à savoir : conditions pour une bonne application des T1
- Vent : intervenir avec une vitesse de vent < 19 km/h (Beaufort 3 - maximum réglementaire)
- Hygrométrie : entre 60 et 95 % pour favoriser la dilatation des cires épicuticulaires et donc le passage des molécules à travers la cuticule
- Température : comprise entre 12 et 20 ° C, elle accélère les réactions biochimiques, le transport de sève et donc la circulation de ces molécules dans la plante
- Amplitudes de température : ne pas traiter quand des amplitudes thermiques sont supérieurs à 15 ° C deux jours avant ou après la date de traitement prévue
Orges, conditions favorables à la rhynchosporiose
« Pour les orges, les conditions fraîches et les pluies de la mi-avril ont été favorables au développement de la rhynchosporiose. La pression est plus forte que les deux dernières campagnes avec une présence de cette maladie sur 60 à 85 % des parcelles dans les zones céréalières du nord-ouest » explique Bertrand Moncomble. Une forte pression confirmée dans l’est par Luc Flamant et également dans les régions ouest et centre par Fabien Massot, « la rhynchosporiose est bien présente et on commence à observer de l’helminthosporiose dans les parcelles. Pour maîtriser ces maladies mais aussi la ramulariose, dans la mesure où peu de T1 ont été appliqués, un T2 à large spectre et robuste sera nécessaire ». Comme pour les blés tendres, en fonction des stades des orges, c’est donc l’heure du T1 ou déjà du traitement pivot.