Une expérience biocontrôle à grande échelle dans le Sud-ouest
Les biocontrôles ont fait leurs preuves pour protéger la vigne, préserver la récolte, diminuer les IFT et gérer les résidus. En programme !
Des programmes « biocontrôles » chez 19 vignerons pendant 2 campagnes
« En mettant en place des programmes de protection intégrant des biocontrôles chez 19 vignerons du Sud-ouest (Charentes, Gers et Gironde) pendant 2 campagnes, nous avons voulu tester les stratégies de protection du futur qui prennent en compte les attentes des vignerons souhaitant faire évoluer leurs pratiques (sans CMR, baisse des IFT, réponse aux contraintes réglementaires...) afin de répondre aux nouvelles exigences du marché, tout en préservant la production » observe Gilles Robert, ingénieur conseil culture chez Syngenta.
Ces programmes biocontrôles ont été mis en place chez 14 vignerons « conventionnels » et 5 « bios » sur les campagnes 2018 et 2019. Pour les producteurs en viticulture conventionnelle, les biocontrôles FytoSave®1 / Esdeaine®2 étaient positionnés la plupart du temps sur 2 traitements avant la floraison et 2 traitements après la nouaison avec une protection fongicide de synthèse pour encadrer la floraison. La spécialité Redeli a également été intégrée dans ces programmes.
Pour les producteurs en viticulture biologique, FytoSave / Esdeaine étaient positionnés dans le programme avant floraison (T4-T5) et fin juin (T7-T8-T9). La nouvelle solution de biocontrôle Taegro® a fait l’objet d’essais sur 3 parcelles pour lutter contre le botrytis.
Rendement préservé et baisse des IFT avec les programmes biocontrôles
« Une des craintes pour les vignerons vis-à-vis de l’intégration de solutions de biocontrôles dans les programmes est la perte potentielle de rendement. Les deux années d’essais en conditions réelles que nous avons conduits avec les vignerons ont montré que les stratégies mises en œuvre permettaient d’atteindre le rendement objectif y compris en 2018 qui était une année avec une pression mildiou exceptionnelle » explique Gilles Robert.
Réduire les doses et assurer la récolte
Damien Roy, vigneron à Sigogne, (80 ha vignoble de Cognac)
« En intégrant des biocontrôles dans mes programmes de protection, mon objectif est de réduire les doses tout en préservant ma production. En 2018, j’ai utilisé FytoSave sur une parcelle de 4 hectares en début et en fin de saison en réduisant les doses des produits conventionnels de 25 à 30 %. Malgré une pression mildiou exceptionnelle, l’expérience a été concluante puisque j’ai atteint le rendement objectif. En 2019, j’ai reconduit l’expérience sur 30 hectares avec deux applications de FytoSave en début de saison pour stimuler la plante et à nouveau réduire les doses. Malgré quelques dégâts de gel et de sécheresse en 2019, j’ai atteint un rendement de 120 hl/ha ce qui était très satisfaisant et rassurant. Cette nouvelle approche de protection va m’aider à m’engager dans la certification Cognac HVE. Pour la campagne 2020, je prévois d’étendre le principe du biocontrôle sur tout le vignoble sur les 2 premiers traitements ».
Résultats 2018 : coût de protection mildiou/oïdium (516 euros/ha) / IFT conventionnel (11,41) / IFT Biocontrôle (5) / rendement (180 hl/ha)
En 2019, Damien Roy a renouvelé son programme biocontrôle mais n’a pas fait l’objet d’un suivi par Syngenta.
Par ailleurs, les programmes biocontrôles mis en œuvre chez les vignerons ont permis de réduire les IFT d’environ 30 % (IFT de 12 en moyenne comparé à 16,8 IFT de référence du Bordelais).
Pour Gilles Robert qui a suivi ces programmes biocontrôles dans le sud-ouest, « ces solutions alternatives ne sont pas concernées par les phénomènes de résistance et permettent donc aux produits conventionnels d’exprimer toute leur efficacité. De plus, elles sont compatibles avec la nouvelle réglementation : distance de sécurité riverains (DSR), gestion des ZNT eau, gestion des IFT dans le cadre des démarches HVE notamment. »
Protéger la vigne autrement
Alain Appollot, vigneron à St Emilion (Château Clos Trimoulet, 15 ha)
« Une partie de mes vignes longe une rivière et certaines sont à proximité du camping de St-Emilion. Je dois donc être particulièrement vigilant sur la protection de mon vignoble et le choix des produits compte tenu des distances de sécurité exigées. L’exploitation est certifiée HVE depuis 2015 et mon objectif est de supprimer les produits classés CMR dans mon programme. J’ai intégré des produits de biocontrôle dans ma stratégie de protection depuis 3 campagnes en positionnant FytoSave sur les 2 premiers traitements et Redeli sur les 3 dernières applications. J’ai également positionné 2 applications de Taegro en fin de saison vis-à-vis du botrytis. Cette stratégie m’a permis de réduire l’IFT à 11,7 en 2019, et d’atteindre malgré tout le rendement de l’appellation sur les parcelles non concernées par le gel. Cette nouvelle approche de protection va dans le sens de l’histoire ».
Résultats 2019 : coût de protection mildiou/oïdium (505 euros/ha) / IFT conventionnel (11,7) / IFT Biocontrôle (7,3) / rendement (32 hl/ha en moyenne malgré le gel)
Alain Appollot a intégré le suivi biocontrôle Syngenta en 2019
Tendre vers des résidus proches de zéro
En intégrant des biocontrôles dans les programmes de protection, les vignerons ont également pour objectif de réduire les teneurs en résidus de produits de synthèse dans leurs vins et répondre ainsi aux nouvelles exigences du marché. « De ce point de vue, les résultats que nous avons obtenus chez les vignerons sont très encourageants car les analyses réalisées sur les vins issus de ces parcelles n’ont pas détecté de résidus ou des résidus d’un niveau très proche de la limite de quantification (0,01 mg/l) » observe Gilles Robert. Ces très bons résultats s’expliquent à la fois par la nature des spécialités de biocontrôle qui ne laissent pas de résidus et par un positionnement plus précoce des fongicides conventionnels dans les programmes.
Mieux gérer les résidus
Vincent Despagne, Vignobles Despagne à St Laurent du Bois en Gironde (70 ha)
« Les Vignobles Despagne sont engagés dans la viticulture raisonnée depuis de nombreuses années. Notre vignoble est certifié HVE 3 ainsi qu’en démarche SME (Système de Management Environnemental du vin de Bordeaux). Pour atteindre nos objectifs de réduction des intrants et de diminution des résidus, nous avons intégré en 2019 dans nos programmes de protection les biocontrôles Esdeaine (en tout de début de saison et sur les 3 derniers traitements) et Taegro (2 applications en août pour lutter contre le botrytis). Les résultats ont été très satisfaisants avec 50 % de biocontrôles dans nos programmes de protection, un IFT conventionnel à la baisse de seulement 7,68 et des analyses qui ont détecté très peu de résidus dans les vins. Par ailleurs, cette stratégie va me permettre de répondre aux exigences de la nouvelle réglementation sur les zones de non-traitement à proximité des habitations. »
Résultats 2018 : coût de protection mildiou/oïdium (473 euros/ha) / IFT conventionnel (11,7) / IFT Biocontrôle (7,05) / rendement (67,4 hl/ha).
Résultats 2019 : coût de protection mildiou/oïdium (356 euros/ha) / IFT conventionnel (7,68) / IFT Biocontrôle (4,96) / rendement (66 hl/ha).
Mieux gérer les doses de cuivre en bio
« Enfin, pour les producteurs en agriculture biologique, la solution de biocontrôle FytoSave / Esdeaine apparaît comme une solution qui va permettre de mieux gérer (et diminuer) les doses de cuivre tout en sécurisant la protection mildiou face aux aléas climatiques » souligne Gilles Robert. Une nouvelle approche de protection qui intéresse les vignerons en viticulture biologique et ceux qui sont en conversion.
Aller progressivement vers le bio
Régis Grandeau, Château Lauduc à Tresses en Gironde
« Notre vignoble situé en périphérie de la ville de Bordeaux, s’étend sur 120 hectares avec de nombreuses parcelles à proximité d’habitations. Nous sommes certifiés HVE, Terra Vitis et SME (Système Management Environnemental de Bordeaux) et nous avons la volonté de passer en bio dans les 3 ans à venir afin de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs et de notre environnement. L’intégration des biocontrôles Esdeaine et Redeli dans le programme de protection nous permet de stimuler les défenses de la vigne et de renforcer l’efficacité des produits associés. En bio, les biocontrôles nous permettront demain de sécuriser les traitements à base de cuivre et de soufre tout en ajustant les doses. »
Résultats 2019 : coût de protection mildiou/oïdium 470 euros/ha) / IFT conventionnel (9,55) / IFT Biocontrôle (5,25) / rendement (60 hl/ha)
Château Lauduc a intégré le suivi «biocontrôle» Syngenta en 2019.
1 La solution FytoSave® remplace la solution Bastid® depuis janvier 2020
2 La solution Esdeaine® remplace la solution Blason depuis mai 2020