Les biocontrôles en réponse aux enjeux de la filière vin
Face aux attentes du marché, la filière vin fait évoluer ses pratiques et intègre des biocontrôles dans la protection de la vigne.
« L’expérience Biocontrôle », colloque organisé par Syngenta, a réuni le 29 janvier 2020 plus de 250 participants de la filière vin pour échanger sur les nouvelles attentes des consommateurs ainsi que sur les démarches de progrès engagées par les vignerons pour y répondre. « Avec les biocontrôles déjà disponibles et ceux que nous développons, Syngenta s’engage auprès des vignerons pour les accompagner dans ces nouvelles approches de protection de la vigne » observe Jérémy Dutoya, ingénieur campagne dans le Sud chez Syngenta.
Les consommateurs de vin très sensibles à l’environnement
« Le vin doit raconter une histoire mais cette histoire ne suffit plus » explique Franck Thomas, meilleur sommelier de France et d’Europe, lors du colloque « L’expérience Biocontrôle » organisé par Syngenta en janvier dernier qui rassemblait plus de 250 acteurs de la filière viticole, « le consommateur veut désormais savoir ce qu’il y a dans la bouteille et il est tout particulièrement sensible aux questions de santé et d’environnement ».
Face à ces nouvelles attentes, la grande distribution, à l’instar du groupe Carrefour, propose à ses clients des espaces dédiés où le consommateur peut trouver notamment des vins bios : « le bio est en forte demande dans nos enseignes, c’est un label connu et reconnu par les consommateurs de vin au même titre que la biodynamie. Il représente aujourd’hui seulement 4 à 5 % des ventes de vin mais c’est un marché en forte croissance. C’est pourquoi, nous développons des partenariats avec des producteurs dans le cadre de démarches « Filières qualité » afin d’accompagner les viticulteurs et sécuriser nos approvisionnements » observe Guillaume Dubourt Izart, directeur commercial et marketing sud-est chez Carrefour.
Entre labels et certifications, la filière vin s’adapte au marché
Face à ces nouvelles attentes du marché, l’offre se structure avec des vignerons qui s’engagent de plus en plus dans des démarches de progrès et des filières de qualité. En témoigne l’engouement pour la démarche HVE « avec un fort engagement des vignerons » observe Boris Calmette, président des vignerons coopérateurs de France qui annonce que « d’ici 5 ans, 100 % des coopératives seront engagées dans cette démarche ». Laurent Brault, chargé de mission développement des entreprises au sein des Vignerons Indépendants de France a rappelé lors de ce colloque les promesses HVE, à savoir « moins d’intrants (engrais, eau, produits phytosanitaires) et plus de biodiversité ». Des efforts mis en œuvre par les vignerons qui ne sont malheureusement pas toujours lisibles par le consommateur, « la certification HVE, c’est une démarche d’entreprise trop technique pour les consommateurs » souligne Guillaume Dubourt Izart de Carrefour, « qui comprennent mieux la notion de label - comme le label Bio par exemple - attachée à un produit ». Dans le même esprit rappelle, Benoit Ab-der-Halden, directeur des vignobles du groupe Chevron Villette, « la signature « Terra Vitis » est devenue une référence en terme de viticulture durable et éco-responsable ». Pour répondre aux attentes du marché, toutes ces démarches de progrès apparaissent de plus en plus incontournables pour accéder à un marché en pleine évolution, que ce soit vis à vis des consommateurs et/ou des acteurs de la filière. « Mais comment seront valorisés tous ces efforts demain s’interroge Boris Calmette, lorsque tous les vignerons proposeront des vins sous label ou sous certification ? »
S’adapter aux exigences du marché et rester rentable
Dans les vignobles, les producteurs font évoluer leurs pratiques pour répondre aux nouvelles tendances et exigences du marché tout en gérant le risque sanitaire afin de rester rentable. « Nous avons le choix de la certification HVE et nous mettons en œuvre de nouvelles pratiques de protection comme la confusion sexuelle pour gérer les tordeuses ou encore l’intégration des solutions de biocontrôles pour diminuer les doses des fongicides conventionnels » explique Frédéric Maillet, vigneron dans les Côtes du Rhône sur 130 hectares. En Provence, le groupe Chevron Villette a fait le choix de faire cohabiter sur le domaine le bio (sur 180 hectares), la biodynamie (sur 20 hectares) et la viticulture raisonnée (Terra Vitis) sur 300 hectares. « Notre exigence minimale vis-à-vis du marché, c’est de proposer des vins sans résidus de pesticides. Nous y arrivons grâce aux itinéraires techniques que nous mettons en œuvre y compris en viticulture éco-responsable grâce aux solutions de biocontrôles qui permettent à la fois de réduire les doses mais aussi de sécuriser la récolte » observe Benoît Ab-der-Halden. « Sur un domaine viticole de taille importante comme le nôtre, tout passer en bio serait risqué et il serait difficile de répercuter les conséquences de cette démarche sur le prix des bouteilles » ajoute-t-il. Un exemple qui montre que les démarches de progrès ne s’opposent pas « mais sont bien complémentaires » souligne Bruno Baranne, président de Syngenta. « Les certifications environnementales sont d’ores et déjà un critère majeur d’accès au marché et demain elles seront incontournables. Pour soutenir les vignerons dans cette conscience écologique et ambitieuse, Syngenta investit pour développer des solutions de biocontrôle qui font partie de la boîte à outils pour atteindre l’objectif d’une production viticole saine, sûre et rentable ».
Pour aller plus loin :
Prospective
« L’engagement biocontrôle » par Jean-Philippe Albert, responsable mondial du contrôle des maladies chez Syngenta
« Le développement de solutions de biocontrôles est une priorité pour Syngenta qui ambitionne de devenir leader de ce marché. Pour y parvenir, Syngenta entend s’appuyer sur 3 axes : investir pour développer des produits existants, développer des technologies prometteuses en partenariat avec des universités et/ou start up et découvrir de nouvelles solutions biologiques à base de micro-organismes destinées à l’agriculture. Sur ce dernier point, notre récente alliance (2015) avec l’entreprise néerlandaise DSM, leader mondial de la fabrication de bactéries va nous permettre d’accélérer la mise au point de solutions de biocontrôles. Notre ambition est d’offrir aux agriculteurs des produits de biocontrôle aussi efficaces et aussi faciles à utiliser que les produits de synthèse. Ces nouvelles solutions permettront par ailleurs de réduire les IFT, les doses de cuivre et les résidus. En viticulture, des projets sont attendus à l’horizon 2027 pour maîtriser le mildiou et le botrytis. Mais, d’ores et déjà les vignerons peuvent intégrer dans les programmes des solutions de biocontrôle comme Fytosave®1/ Esdeaine®2, Redeli®, Thiovit Jet Microbilles® ou Taegro®».
Repères : le marché du biocontrôle en chiffres
- 2 milliards d’euros au niveau mondial (sur un marché phytosanitaire global de 60 milliards d’euros)
- un marché en forte croissance : + 10 % par an.
- plus de 60 % du marché du biocontrôle concerne l’Amérique du Nord, la France, l’Espagne, l’Italie et le Brésil essentiellement sur les marchés fruits et légumes et vigne.
- 90 % des produits de biocontrôle concernent la lutte contre les insectes et la lutte contre les maladies.
1 La solution FytoSave® remplace la solution Bastid® depuis janvier 2020
2 La solution Esdeaine® remplace la solution Blason® depuis mai 2020