Une campagne 2020 marquée par le mildiou, l’oïdium et la sécheresse

Le mildiou, l’oïdium et la sécheresse auront marqué un millésime 2020 très contrasté selon les vignobles et les parcelles.
Un mildiou très présent dans les vignobles du sud-est et du sud-ouest
Après une année d’accalmie, le mildiou s’est une nouvelle fois invité dans les vignobles du sud-est et du sud-ouest en 2020. « La campagne a démarré sous le signe du mildiou et du black-rot » observe Gilles Robert Ingénieur Solutions Agroécologiques dans le sud-ouest chez Syngenta, « avec des pluies récurrentes et conséquentes du 15 mai au 15 juin, la situation était explosive dans les sols hydromorphes où il était très difficile de contenir le mildiou ». Pour les vignobles du sud-est, c’était également un très grand cru mildiou, « localement pire qu’en 2018 » remarque Jean Litoux, Ingénieur Solutions Agroécologiques dans cette zone de production. « La clef d’une protection réussie pour les vignerons était de pouvoir rentrer dans les parcelles malgré des épisodes pluvieux et intenses qui se sont succédés jusqu’au 15 juin ». Malgré tout, en dépit d’une très forte pression, les dégâts de mildiou restent limités aux parcelles qui n’ont pas pu être protégées : les vignerons avaient en effet en mémoire le millésime 2018 et ils ont mis en œuvre une protection précoce et resserré les cadences. Dans ce contexte, tous les produits fongicides ont été mis à contribution, y compris les solutions de biocontrôle qui ont confirmé tout leur intérêt en programme : « les stratégies intégrant 2 à 3 applications de Fytosave® (1) / Esdeaine® (2) en début de saison avec 250 g de cuivre par hectare ou un fongicide à action pénétrante à 70 % de la dose ont donné toute satisfaction » observe Gilles Robert.
L’oïdium devient une préoccupation majeure

La campagne 2020 confirme que l’oïdium devient une préoccupation majeure dans tous les vignobles. En Champagne, où le mildiou était absent cette année en raison d’une météo très peu favorable, « des dégâts d’oïdium ont été observés dans des zones habituellement peu touchées comme la Vallée de la Marne ou sur des cépages réputés peu sensibles comme le Pinot meunier » remarque Bernard Noye, Ingénieur Solutions Agroécologiques chez Syngenta, « les vignerons peu habitués aux attaques d’oïdium ont pu être pris de cours » explique-t-il. En Bourgogne, où l’oïdium avait déjà fortement progressé l’an dernier, les viticulteurs ont été très vigilants : ils ont commencé la protection dès le stade 6-7 feuilles et ont resserré les cadences face à la montée du risque oïdium » observe Pascal Grosbon Ingénieur Solutions Agroécologiques dans la région chez Syngenta. Les vignobles de la Loire ont également été concernés par cette montée en puissance de l’oïdium, « y compris sur des cépages réputés peu sensibles comme le Chenin ou le Sauvignon avec des parcelles parfois très touchées et des conséquences sur la vendange » signale Marie-Noëlle Tanné, Ingénieure Solutions Agroécologiques chez Syngenta. Dans les vignobles du sud-est, l’oïdium de façon surprenante n’a que peu concerné cette année le cépage Carignan très sensible à cette maladie : « nous formulons l’hypothèse que la forme drapeau de l’oïdium a été lessivée par les pluies très abondantes du printemps. A contrario, le cépage Chardonnay a été particulièrement affecté par l’oïdium à partir de mi-mai avec des symptômes sur feuilles et sur grappes » souligne Jean Litoux.
La sécheresse marqueur du millésime 2020
Après des périodes très arrosées au printemps dans le sud-ouest et le sud-est, la sécheresse s’est installée dans tous les vignobles et malgré quelques épisodes orageux au mois d’août, l’état sanitaire avant les récoltes était globalement très satisfaisant. Selon les prévisions du ministère de l’agriculture, la récolte s’annonce en légère hausse par rapport à 2019, une prévision optimiste qui cache sans aucun doute des hétérogénéités au sein même des vignobles en fonction des à-coups climatiques, avec des périodes de gel au printemps, de grêle mais aussi et surtout des coups de chaleur qui ont pu fortement handicaper le niveau de récolte de certaines parcelles. « Les coups de chaleur survenus en juillet et en août ont provoqué un échaudage sur certaines vignes très exposées au soleil couchant avec des pertes potentielles de récolte pouvant aller jusqu’à 30 % » remarque Gilles Robert. Alors que les vendanges se terminent dans les différentes régions, le millésime 2020 démontre une fois de plus que tous les vignerons ne sont pas logés à la même enseigne et que la récolte sera très contrastée.
Ravageurs
Vers de grappe et Cryptoblabes gnidiella en fin de saison
« Dans les vignobles du sud, la 3ème génération d’Eudémis a été importante et très étalée » souligne Jean Litoux. Cette attaque de vers de grappe est survenue à une période où il aurait été nécessaire de réaliser une protection insecticide y compris sur les vignobles protégés en confusion sexuelle, ce qui n’a pas toujours été le cas. Résultat, les perforations des vers de grappes ont été une porte d’entrée pour le développement d’Aspergillus carbonarius avec des risques de teneurs élevées en ochratoxine A dans les vins. Par ailleurs, Cryptoblabes gnidiella poursuit son implantation dans les vignobles méditerranéens ; outre les dégâts directs, les larves de ce ravageur de fin de saison ouvrent également des portes d'entrée au botrytis ou à Aspergillus carbonarius.
(1) La solution FytoSave® remplace la solution Bastid® depuis janvier 2020
(2) La solution Esdeaine® remplace la solution Blason depuis mai 2020