Désherbage du maïs : 5 ateliers pour des pratiques plus durables

Que retenir des ateliers organisés sur le bassin versant du Chifrouet (22) ?
Afin de réduire les contaminations de l’eau sur le bassin versant du Chifrouet, la communauté d’agglomération « Lamballe Terre & Mer », la Chambre d’Agriculture de Bretagne et les acteurs locaux de l’approvisionnement ont organisé le 11, 12 et 20 mars dernier cinq ateliers pour sensibiliser les agriculteurs et entreprises agricoles locales aux bonnes pratiques en matière de désherbage du maïs. Quels messages retenir ?
Désherber durable, c’est anticiper dès le semis
En désherbage 100 % mécanique, la maîtrise des adventices sur le rang se joue dans les 3-4 jours qui suivent le semis. Tel est le message passé par la Chambre d’agriculture qui présentait différents moyens mécaniques de désherbage. S’appuyant sur l’expérience des agriculteurs en Bio, le message principal, à retenir, c’est que l’efficacité de la herse étrille passée à l’aveugle, juste derrière le semis se prépare au semis. Pour éviter de casser des plants, il faut prévoir un semis profond (minimum 5 cm), bien réappuyé. Les coléoptiles seront ainsi plus longs et plus souples et ne se casseront pas au passage de la machine. Une levée homogène obtenue en semant tard quand le sol est bien réchauffé est aussi un facteur de succès et réduira d’autant plus les attaques de taupins.
La roto-étrille, permet de mieux s’affranchir des résidus de culture précédente si le sol n’est pas parfaitement travaillé mais son coût reste élevé. Pour les techniques mixtes, quand le maïs est levé, seule la bineuse permet d’attaquer les adventices levées dans l’inter-rang. Des équipements complémentaires à la bineuse tels que les doigts Kress permettent de travailler sur les pieds de maïs mais nécessitent un guidage très précis. L’utilisation d’effaceur de traces de roues sur les parcelles à fort risque de ruissellement permet de diviser par deux le transfert vers l’eau.

Stratégies de désherbage : tenir compte de la vulnérabilité de la parcelle
En fonction de la caractérisation du risque de transfert des produits phytosanitaires vers l’eau, il est nécessaire d’adapter sa stratégie de désherbage. Ce travail a été réalisé par la Chambre d’agriculture pour un conseil optimisé à la parcelle. La stratégie doit tenir compte bien sûr de la flore attendue, des leviers agronomiques que l’on peut mettre en place et impose une réflexion sur le choix des désherbants en fonction du risque de transfert. Les produits à base de S-métolachlore doivent par exemple être limités à 1000 g/ha / an et être utilisé sur le rang sur les parcelles à fort risque.

Revoir l’aménagement des parcelles
En fonction de la pente, de la présence de zone humide, de la proximité de fossés ou de drainage de nombreux aménagements permettent de réduire les risques de transfert. On peut citer le déplacements des entrées de champs, l’aménagement de talus nu ou plantés, de haies bocagères ou simplement de dispositif végétalisé permanent (DVP) systématique le long des fossés et de tous points d’eau en aval des parcelles. La chambre d’agriculture et la collectivité rappellent que l’application des produits est interdite à moins de 1 m de la berge des fossés même à sec (arrêté départemental de juillet 2017). Elle rappelle aussi que nombre de ces aménagements peuvent être pris en charge à 100 % par la collectivité dans le cadre de Breizh Bocage et du Contrat de Baie de Saint Brieuc 2017/2021.
Limiter la dérive avec des buses à injection d’air
Les buses à injection d’air homologuée pour réduire les ZNT permettent de réduire la dérive par un minimum de 66 % tout en gardant une excellente qualité de couverture. C’est le message délivré par Syngenta, preuve à l’appui avec une démonstration du banc pulvé dynamic. Réduire la dérive c’est limiter l’impact sur l’eau mais aussi sur le voisinage, les cultures voisines, la biodiversité, les pollinisateurs et la sécurité de l’applicateur tout en optimisant l’efficacité sur la parcelle traitée. Une bonne pulvérisation est une pulvérisation qui ne se voit pas.

Bien gérer le fond de cuve : un impératif pour les herbicides
La bonne gestion du fond de cuve est particulièrement importante pour les herbicides. Le rinçage peut être fait à la parcelle à condition de diluer une première fois en ajoutant cinq fois le volume du fond de cuve en eau claire puis de traiter jusqu’ au désamorçage de la pompe et de recommencer jusqu’à atteindre une dilution au 100ème avant de pouvoir vidanger à la parcelle loin des points d’eau. Preuve à l’appui, on peut démontrer que cette manipulation est plus rapide et consomme moins d’eau en le faisant au total en trois rinçages successifs plutôt qu’en deux.
Même si on est en fin de chantier, Syngenta rappelle aussi que le traitement de ces effluents dilués doit se faire à vitesse inférieure à 10 km/h afin de ne pas favoriser la dérive. Anticiper son rinçage, c’est le réaliser sur la parcelle la moins à risque de transfert.
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